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migrations forcées et urbanisation: le cas de Khartoum

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Centre fiançais sur la population et le développement, CEPED, 15 rue de l'ÉCole de Médecine, 75270 Paris Cedex 06., 2001 edition, (setembre 2001)

Abstract

Au début desannées1980,la sécheressedansl'Ouestdu Soudan etlareprise dela guerre civile dans le Sud ont précipité les mouvements forcés de population vers la capitale et ont largement contribué à urbaniser le pays. Les déplacés, pourtant, n'ont pas été accueillis à bras ouverts par le gouvernement de Khartoum, qui a tenté, en vain, de les reléguer dans des camps à la périphérie de la ville, en espérant les voir repartir un jour. À défaut d'un véritable apartheid urbain,les victimes de la sécheresse et de la guerre ont été exclues des cercles de pouvoir et marginalisées sur le plan économique. Elles ont dû contourner les obstacles administratifs et coercitifs de la junte militaire pour obtenir le droit de rester en ville. Dans une perspective démographique, le présent dossier fait le point sur leur situation sociale.

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  • @celima48
    5 years ago
    L’ouvrage “Migrations forcées et urbanisation : le cas de Khartoum”, publié en 2001, est le résultat de deux enquêtes de terrain (1995 et 2000), qui s'inscrit dans une recherche plus générale sur la façon dont les migrations forcées, liées à des catastrophes naturelles ou des guerres, contribuent à urbaniser le continent africain. Le Soudan n’échappe pas à cette analyse puisqu’il a été touché par des guerres civiles qui ont amené les populations à se déplacer massivement en direction des villes secondaires, puis de la capitale. Les victimes de la sécheresse dans le nord, l'est et l'ouest du Soudan (1970) ; les réfugiés arrivant d’Éthiopie, ainsi que, à partir de 1983, les populations du Sud qui fuyaient la guerre sont autant de mouvements migratoires qui ont abouti à une urbanisation forcée de Khartoum et autres grandes villes. Avant la colonisation déjà, le Soudan a connu une urbanisation précipitée mêlant migrants, déplacés internes et refugiés, nouveaux arrivants aux profils socio-économiques et culturels divers. Bien que lors de tout afflux il est difficile de distinguer les migrants des victimes de sécheresse ou de guerre, l’auteur les considère de facto comme des déplacés. Contrairement aux zones d’origine, Khartoum était perçue comme un lieu sécurisant, offrant des avantages socio-économiques. Toutefois, de nombreux déplacés s’installaient dans des zones informelles, parfois des camps, des terrains vagues ou marchés, vivant dans des conditions sordides, victimes de pratiques discriminatoires, dans une ville à dominante arabe et musulmane, limitant leur intégration locale. Considérés comme des fauteurs de troubles et voleurs d’emploi, les migrants étaient exclus de la vie de cité, et relégués aux confins d’une ville satellite, qui cherchait à désengorger la capitale. Les difficultés d’accès à la terre par des pratiques gouvernementales, non transparentes, renforçaient se sentiment d’exclusion. L’auteur souligne que le plan d’urbanisme, datant de l’époque de la colonisation, offrait des espaces propres aux Européens, classes moyennes soudanaises ainsi qu’aux déplacés et migrants. Rapidement la ville s’est étendue, par expansions de zones informelles successives, absorbant les villages alentours. Le gouvernement a mis en place une politique encourageant les retours et limitant l’exode rural. Il devenait difficile pour un déplacé ou migrant de s’installer, quelque soit son ancienneté de résidence, et de vivre dans des conditions d’existence minimum. Face à cette incapable à maîtriser l’aménagement de son territoire et l’expansion du secteur informel, Khartoum a dû développer des "villes de la paix" et régulariser les zones informelles, mettant à disposition des lopins de terre aux nouveaux occupants. Il est à noter que la dynamique économique a bouleversé les rapports « genre » et la hiérarchie sociale, permettant ainsi aux femmes d’accéder a des emplois dans le petit commerce, participant alors à la culture urbaine. Cet ouvrage est d’une grande actualité et met en relief les dynamiques socio-culturelles ainsi que les moteurs de déplacements vers la ville, comme facteur inhérent au développement urbain. La ville relève d’un réseau complexe d’individus aux perspectives d’installation différentes. De plus, les attributs individuels et familiaux peuvent surpasser des politiques urbaines, telles que l’ethnicité ou encore le sentiment d’identité. Il est important de noter que dans le cas du Soudan, le choix du quitter le lieu d’origine est souvent un choix de survie et que le retour fait partie de solutions durables, affectant les stratégies d’intégration locale. Les cas de déplacements internes liés à des guerre et catastrophes naturelles, a l’intérieur d’un même territoire est une réalité qui s’observe de plus en plus. Cette nouvelle donne doit absolument faire partie de l’analyse de la planification urbaine, tant les enjeux gouvernementaux et les attentes des nouveaux arrivants peuvent diverger. Penser la ville dans un tel contexte, nécessité de penser des plans urbains sur le long terme et de les revoir le plus régulièrement possible.
  • @renan_
    9 years ago
    1. Introduction Marc-Antoine Pérouse de Montclos est politologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et chercheur au Centre français sur la population et le développement (CEPED). Il présente dans ce dossier le résultat de deux enquêtes de terrain réalisées en 1995 puis en 2000. Ces enquêtes s’intéressent aux conditions d’intégration de réfugiés soudanais ayant migré vers Khartoum au début des années 1980. Plus généralement, ce travail s’inscrit dans un thème de recherche sur la manière dont les événements climatiques ou les guerres participent à urbaniser le continent africain. Dans ce commentaire de texte, on fait le choix de mettre en relief certains thèmes récurrents développés dans l’ouvrage sans forcément suivre la chronologie retenue par l’auteur. Dans un premier temps, une présentation du contexte historique est réalisée. Puis les motifs de migrations et les lieux de destination sont présentés. On montre ensuite qu’un mode de gouvernance s’est organisé avec des ambitions changeantes en fonction des différents gouvernements. Cette organisation aboutit à développer des mécanismes d’urbanisation et un processus d’intégration des déplacés. 2. Commentaire Une ville de migrants aux motivations variées L’auteur rappelle que plusieurs vagues de migration ont eu lieu au cours du XIXème et XXème siècle. Les motivations des populations sont différentes : motivations économiques (recherche d’un emploi plus rémunérateur), fuite des conflits armés (recherche d’une paix relative), recherche de nouvelles ressources en eau en raison de sécheresses. Pour ces populations, la capitale soudanaise dispose d’une forte capacité d’attraction : concentration d’un grand nombre d’infrastructures du Soudan (73% des usines, 75% des salariés, etc.), taux de scolarisation les plus élevés du pays, sécurité alimentaire, etc. Les migrants représentent une source de main d’œuvre désirée (pression du patronat sur les barrages policiers envers les migrants en 1996). Ainsi il est estimé qu’en 2001 la « moitié des habitants de la capitale et de sa périphérie seraient des déplacés ». Toutefois les discours politiques discriminatoires dirigés contre les migrants accusés d’être des « chômeurs, fauteurs de trouble, criminels » peuvent atténuer cette capacité d’attraction. On rejette également les migrants pour des raisons religieuses, pour « préserver la ville d’une population non musulmane » (XIXème siècle). L’organisation de l’exclusion sociale des minorités Il existe une forte opposition historique entre nordistes musulmans et sudistes chrétiens ou animistes. Le renforcement du pouvoir islamique (1989) a accentué cette opposition en ciblant les populations les plus faibles vivant dans les bidonvilles (expulsions massives en 1992 notamment). De manière plus fine, l’exclusion des minorités chrétiennes à l’accession à un titre foncier a été organisée par les pouvoirs publics (1990) grâce à un coût élevé des démarches d’attribution, la corruption et de l’incapacité des Sudistes à fournir les documents demandés « au vu du caractère informel de leurs lois coutumières et de l’absence d’état civil en milieu rural ». Le nom de certains quartiers ou celui de camps sont parfois évocateurs de la résignation ou de la rancune de leurs occupants et participe à renforcer ce sentiment d’exclusion de minorités chrétiennes (« les déguerpis », « la tête du diable », etc.). Sans nier l’existence de cette exclusion, il est intéressant de noter que celle-ci n’est pas le fruit d’un apartheid inscrit dans les textes de loi et qu’elle peut être le résultat de regroupements communautaires. L’auteur présente dans une annexe à son étude la localisation des différents camps ou espaces occupés. On aurait pu croiser cette occupation avec le développement d’infrastructures à proximité pour étudier les niveaux d’équipement de ces populations et affiner la connaissance du fonctionnement de ces groupes. Rôle de la gouvernance et lecture de modes d’habiter Comme présenté précédemment, Khartoum centralise les richesses mais également le pouvoir. Les politiques clientélistes marquent d’une certaine manière le paysage urbain. Les bases électorales sont ainsi maintenues dans de bonnes conditions alors que l’opposition est expulsée des camps ou bidonvilles (National Unionist Pary et habitants de Jafra en 1950 ; l’Ouma Party et communauté mahdiste d’Omdourman en 1984). La majorité des déplacés n’habitent pas dans des camps, 80% sont installées dans des zones informelles et d’autres sont installées dans des « villes de la paix » organisée sur la base de trames planifiées localisés en périphérie. En raison des conditions de vie (eau gratuite, bonne couverture sanitaire, encadrement éducatif meilleur qu’en ville, etc.), les camps provisoires jouent parfois un rôle fixateur et participent à la sédentarisation des populations déplacées L’auteur estime que l’aménagement de Khartoum n’a jamais été maîtrisé par les autorités. Toutefois, il existe une volonté politique d’aménagement. En 1974, les autorités ont mis en place un permis de circulation afin de maintenir les populations en campagne et lutter contre l’exode rural. En 1989, les objectifs étaient de mieux contrôler les réfugiés voire de les islamiser. C’est « le secteur informel [qui] a alimenté l’essentiel de la croissance urbaine » qui s’est faite par la périphérie. A travers la fixation des populations puis la « durcification » de l’habitat, la pression de la communauté internationale et par pragmatisme politique les autorités ont souvent été contraintes d’accepter l’informalité. Ces déplacements, concluent l’auteur, résultent en majorité par une stabilisation urbaine des réfugiés alors que le retour « chez soi » concerne une minorité de la population. L’émergence d’une mixité communautaire : création d’une société civile Khartoum apparaît sous certains angles comme une ville cosmopolite. L’intégration y est facilitée par rapport à de plus petites villes comme Kassala (1986) où une plus forte attention est portée sur les minorités. L’existence d’une économie de survie a modifié en profondeur l’organisation sociale à Khartoum. Ainsi les femmes jouent un rôle plus important au sein du foyer. On observe également le développement de solidarités de voisinage, parfois un mélange des communautés mais également une montée de l’alcoolisme ou la perte des langues vernaculaires au profit de l’apprentissage de l’arabe ou l’anglais par les Sudistes. 3. Conclusion Après avoir rappelé les raisons qui motivent les déplacements forcés des populations, on s’est intéressé à la manière dont celles-ci pouvaient s’intégrer à Khartoum dans les camps, l’habitat informel ou les « villes de paix ». Il existe une ambivalence sur la façon dont elles sont perçues par les populations existantes et les autorités locales (tantôt désirées, tantôt rejetées). Il est intéressant de retrouver dans certains exemples, un des processus d’urbanisation de la ville africaine : création d’habitat informel, durcification, reconnaissance par les autorités locales. Pour compléter modestement l’approche de l’auteur, on peut reconnaître que les enjeux sociaux, démographiques et politiques sont largement traités dans cette étude. Néanmoins, une approche pluridisciplinaire pourrait apporter un nouvel angle de lecture. Une interprétation plus urbaine permettrait de mieux spatialiser les propos et de mettre en lumière les politiques d’aménagement des autorités locales. Ainsi il pourrait être intéressant de voir de quelle manière la planification urbaine de crise peut participer à l’intégration des populations déplacées.
  • @lotfi
    10 years ago
    Migration forcées et urbanisation Le cas de KHARTOUM Ce travail est un dossier d’étude du CEPED, parus sous le N° 63 à Paris en septembre 2001 , sur les populations déplacées à Khartoum. Il est le résultat deux enquêtes de terrain datant de 1995 et 2000. Ce dossier s’inscrit aussi dans une recherche plus générale sur la façon dont les migrations forcées liées à des catastrophes naturelles ou des guerres contribuent à urbaniser le continent africain et faisant suite aussi a deux autre rapport dans cette même collection , Kigali après la guerre : la question foncière et l’accès au logement sous le N° 57, et Ville en guerre en somalie : Mogadiscio et Hargeisa sous le n° 59, du même auteur Marc- Antoine Pérouse de Mont clos . Auteur de plusieurs ouvrages, sur le Nigeria , l’Afrique du sud et sur les enjeux de l’aide humanitaire . Né en 1967 de nationalité Française, Politologue et chercheur à l’institut de recherche pour le développement (IRD), et au centre français sur la population et le développement (CEPED). Enseignant de l’aide humanitaire et la guerre à l’institut d’étude politique de Paris depuis 2003, Conseiller du programme Afrique de l’institut français de recherche internationale (IFRI) et membre du conseil d’administration de la revue Politique Africaine. Son présent dossier fait le point sur les principaux responsables ou complices des déplacements massifs des populations soudanaises vers Khartoum au début des années 80 à savoir la sécheresse dans l’ouest et la reprise de la guerre civile au sud , sur la situation social des masses de déplacées, et finalement l’impact de ces mouvement sur l’urbanisation de la capitale et sur le pays de façon général. Le Soudan a vécu tout au long de son histoire des problèmes majeurs de déplacement de populations, résultant à la fois de La conquête musulmane, du commerce d’esclave et de la Colonisation égypto-britannique.Mais après l’indépendance ce phénomène s’est aggravé d’une façon spectaculaire. Au début des années 80 la sécheresse dans l’ouest et dans l’est , la reprise de la guerre civile au sud, la guerre de l’Éthiopie pays voisin ainsi que la politique du gouvernements en matière de projets de développement à grande échelle, tels que la construction des barrages de Roseires et khashm al Girba , ont provoqué des millions de « déplacés internes »1 et des centaines de milliers de réfugiés dans les pays voisins. Khartoum a accueilli environ un quart des déplacés soit 1,8 million habitants supplémentaires implique une extension ou une densification sans précédent de la métropole. C’est la ville la plus peuplée et attractive du soudan. Malgré l’insuffisance et la défectuosité des services urbaines, Khartoum accaparait l’essentiel des infrastructures de tout genre et Concentrant la majorité des citadin soudanais, elle est devenue une destination de choix du fait de son avantage comparatif aux autres régions du soudan. Elle a fait figure de havre de paix, offrait une certaine sécurité alimentaire et physique, et présentait des opportunités de reconversion économique et de promotion social et culturelle. La réponse a cette attractivité s’est manifesté rapidement du coté du gouvernement par une méfiance en vers les déplacés, par une diabolisation des réfugiés et des migrants, par une politique autoritaire, ségrégative et expulsive, le gouvernement de Khartoum a réussi ainsi à diminuer les flots d’immigrés vers la ville en les repoussants vers la campagne et barrant ainsi toutes possibilité d’intégration. C’est ainsi que se créèrent des dizaines de zones informelles ou vivaient des centaines de milliers de gens dans l’illégalité sous les dangers du crime, de la prostitution et du narcotisme. La situation dans les camps officiels n’est guère plus reluisante, ses habitants ne bénéficient ni de protection ni d'assistance international, victimes des stéréotypes culturels, de violations de leurs droits à la liberté de circulation (carte de séjour), elles sont soumises à la torture et à la détention arbitraire. Malgré les difficultés de la vie en ville et les obstacles d’insertion urbaine, les déplacés sont convaincu qu’ils sont là pour rester. Ils ont apprit l’arabe pour essayer de contournés les tentatives d’exclusion du pouvoir et la relégation à la périphérie de la capitale et se sont adapté aux mécanismes de l’économie de marché urbaine. L’émergence d’une culture citadine, parmi la deuxième génération des migrants a contribué à les fixer dans la capitale. La ville de Khartoum fondée en 1830, siège du pouvoir égyptien à la suite de la conquête du Soudan par les fils de Muhammad Ali, se compose de trois agglomérations séparées Omdurman, Khartoum, et Khartoum-Nord. A l’aube de la conquête musulmane, qui s’inscrivait dans une dynamique de conquête territoriale, les premiers noyaux urbains de Khartoum se sont instaurés par l’édification des Mosquées, les Zariba , les caravansérails et les zawiya qui ne sont finalement que des moyens de fixation de la population. En conclusion finale cet ouvrage à essayer de nous donner quelques vérités sur le problème majeur du soudan qui entrave jusqu'aujourd’hui son développement.
  • @dembadia
    10 years ago
    Migrations forcées et urbanisation : le cas de Khartoum est un ouvrage de Marc-Antoine PEROUSE DE MONTCLOS paru dans les dossiers du CEPED (Centre français sur la population et le développement) sous le N°63 en Septembre 2001. Marc-Antoine PEROUSE DE MONTCLOS est politologue à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et chercheur au centre français sur la population et le développement où il est à la fois le responsable de la collection et membre du comité de rédaction. L’ouvrage traite les déplacements forcés des populations au début des années 80 à Khartoum. Il est question ici de revenir d’abord sur les motivations (sécheresse et guerre civile) de ces mouvements, ensuite sur le processus de leur insertion dans la ville malgré les tentatives d’exclusion dont ils ont été victimes et enfin l’impact de ces mouvements sur l’urbanisation du pays. I. Une urbanisation précipitée par la guerre et la sécheresse Le processus accéléré de l’urbanisation de Khartoum est étroitement lié aux conditions de vie. En effet, la guerre et la sécheresse ont obligé la plupart des mouvements des populations. Ces déplacements ont toujours existé d’ailleurs « aux avant-postes du dar el-islam à savoir le monde des croyants, la conquête musulmane a, en l’occurrence, agrégé les fidèles dans des zara’ib fortifiés et commandés par un maître ». L’histoire urbain de Khartoum révèle que « l’édification des premiers noyaux urbains s’inscrive dans une dynamique de conquête territoriale et n’était pas sans relations avec des mouvements forcés de population ». Le commerce des esclaves même après son abolition n’a pas ralenti le « développement des villes-marchés comme Kaka, au nord de Fashoda ». A cela s’ajoute la construction de l’Etat sous les Egyptiens comme les Britaniques, et l’installation du Mahdi sur la rive gauche pour se protéger de toute tentative d’invasion. La mort du Mahdi permettait le retour du colonisateur Egypto-britanique. C’est ainsi qu’il a encadré la croissance urbaine sans le vouloir, l’idée était de favoriser « la villagisation » des périphéries. Avec les indépendances, les déplacés proviennent des victimes de sécheresse, des réfugiés des pays voisins et ceux de la guerre civile. L’échec de la politique agricole du gouvernement a provoqué l’exode, « la famine aussi a été un grand pourvoyeur de migrants vers khartoum » et la facilité d’insertion des refugiés malgré les tentatives d’exclusion ont justifié l’urbanisation de Khartoum. Cependant cette situation qui fait de Khartoum « une ville-refuge » doit être relativisé d’autant plus qu’elle a connu aussi des mouvements de population. II. Khartoum entre attraction et répulsion Bénéficiant de sa position, Khartoum s’offre comme une « destination de choix » même si le site n’était pas favorable à l’accueil des déplacés. « La fragilité du bâti urbain » n’a pas échappé par la grosse inondation de 1988. Dans le milieu rural la situation est plus catastrophique. La guerre et la famine ont rendu extrêmement difficile les conditions de vie, obligeant ainsi les populations au déplacement. Khartoum constitue un eldorado pour les victimes de « la famine, des exactions des milices, des groupes gouvernementales et de la guérilla. L’espoir conduit « un bon nombre de déplacés » à s’entasser dans la périphérie de la ville. « Khartoum a exercé une très forte attraction », malgré l’insuffisance des services urbains. « Elle accaparait l’essentiel des infrastructures sanitaires, scolaires, industrielles, commerciales, financières, routières, ferroviaires et aéroportuaires du Soudan ». Avec toutes ses potentialités, elle constitue pour les déplacés un endroit favorable à la « reconversion économique et de promotion sociale ». En sus « le domaine scolaire est significatif de cette puissance d’attraction, du fait de la valeur symbolique du diplôme pour les élites du Sud les plus susceptible de « faire le voyage » vers la ville. C’est en faite l’extension des conflits et la fermeture des établissements qui ont accentué cette situation de déséquilibre dans l’éducation scolaire. Au point de vue de l’alimentation Khartoum offrait plus de garantie en raison des subventions de certains produits de consommation et « le revenu moyen en ville était neuf fois supérieur à celui de la campagne. Les relations de voisinage voire de famille constituaient pour le nouveau venu un appui considérable à l’intégration. Cependant peu d’entre eux ont reçu « une assistance internationale » parce qu’ils se trouvaient hors des camps préétablis pour recevoir les réfugiés. Dès lors, ils ne pouvaient pas s’attendre à une assistance ni de la part des religieux ni aussi du pouvoir politique ou militaire. Avec la junte, la situation n’a pas connu de changement et les relations entre le gouvernement et les sudistes se sont continuellement détériorées même l’éducation n’a pas servi à la réconciliation. « Les déplacés du Sud à Khartoum » ne bénéficient pas d’établissement scolaire suffisante et « pour dissuader tout enracinement, le gouvernement a interdit la création de collèges ou de lycées dans les camps de déplacés, où l’on trouve sinon des écoles coraniques, les khalwa ». III. Des logiques d’exclusion Malgré sa force d’attraction, l’insertion en milieu urbain à Kartoum constitue le point noir de la migration forcée. Les déplacés font l’objet de toutes les qualifications négatives. En effet, tous les maux d’une société urbaine s’y retrouvent, ce qui fait dire à certains que « la dégradation des conditions de vie » est nettement liée aux migrants ruraux soudanais mais aussi aux réfugiés « éthiopiens » qui à travers des textes juridiques encadrés le processus d’obtention de travail. C’est le sentiment de « vole d’emploi » par les déplacés qui a incité à « des manifestations xénophobes » dans certaines zones comme Gedaref. Bien nombre de mesures furent pris « pour faciliter les expulsions vers la campagne » entraînant ainsi la mise en place des « cartes de séjour ». Cette situation a créé des clivages entre les « nordistes et les sudistes ». Ces derniers ne trouvaient pas de refuge à travers le gouvernement islamiste et l’arrivée de la junte n’a pas changé grand-chose. La diabolisation des déplacés va jusqu’à les accusées d’être à l’origine de certains phénomènes naturels comme « la pluie et les inondations ». « Les deux tiers des squatters ont été ainsi repoussées dans l’illégalité parce qu’ils n’avaient pas de papiers en règle ». L’insécurité grandissante de la ville est causée pour le gouvernement par « les déplacés et les populations noires ou arabes » qui provenaient des quartiers irréguliers, justifiant de fait les rafles ciblés. Diverses lois ont été prises pour justifier la politique de bulldozer menée par la junte militaire. Ce politique de délogement s’est fait de manière violente et « les récalcitrants ont été emprisonné dans les prisons pour une rééducation. Cette situation a permis de dégager les enfants de la rue pour les amener dans les camps afin de les islamiser. La réinsertion sociale est pratiquement inexistante bien qu’ayant des dispositions législatifs qui le permettaient. Conclusion Le déplacement forcé des populations vers Khartoum motivé par des conditions naturelles difficile et la guerre civile soudanais est confronté à une très difficile insertion dans le tissu urbain de la ville. L’implication des pouvoirs politiques a rendu quasiment impossible toute chance d’intégration mais tout de même Khartoum constituait le seul refuge pour les déplacés.
  • @thewarrior70
    10 years ago
    +"Migrations forcées et urbanisation: le cas de Khartoum", de l’auteur français Marc-Antoine PÉROUSE DE MONTCLOS, Politologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), chercheur au Centre français sur la population et le développement (CEPED), résultat de deux enquêtes de terrain en 1995 et 2000, ce travail sur les populations déplacées à Khartoum est un ouvrage publié en septembre 2001 à Paris par les éditions CEPED. Il présente les déplacements forcés des populations provenant de l’Ouest et Sud du Soudan causés respectivement par la sécheresse et la reprise de la guerre civile, ce qui a conduit à l’urbanisation forte, rapide et non contrôlée du pays, surtout de sa capitale Khartoum. Dans cet ouvrage de 68 pages, l’écrivain Marc-Antoine PEROUSE DE MONTCLOS, met en lumière toutes les difficultés auxquelles se sont confrontées ces populations, telles un parcours du combattant. « Le déracinement, le statut social et le sentiment d'exclusion, qui font l'objet du présent dossier, sont significatifs du caractère coercitif du déplacement vers la ville. » Marc-Antoine PEROUSE DE MONTCLOS. (p 8) 1. Une urbanisation précipitée par la guerre et la sècheresse Un retour dans l’histoire de Khartoum a permis à l’auteur de montrer les racines lointaines et profondément encrées des conditions de son urbanisation forcée due à la guerre, notamment avec un Islam conquérant et un commerce agressif. L'édification de ces premiers noyaux urbains s'inscrivait donc dans une dynamique de conquête territoriale et n'était pas sans relations avec des mouvements forcés de population. Une tentative de développement urbain encadré fut réalisée bien plus tard par la colonisation britannique, emmenant son lot de conséquences. Trois principales catégories de populations ont alimenté les flux de ce type : les victimes de la sécheresse, les réfugiés des pays voisins et les déplacés de la guerre dans le Sud. 2. Khartoum entre attraction et répulsion Ces deux visages antagonistes de la ville de Khartoum, sont présentés par l’auteur de la manière suivante : Tout d’abord l’attraction de Khartoum est marquée par : une destination de choix du fait de son avantage comparatif relativement aux autres régions du Soudan, sa sécurité tant physique qu’alimentaire, son « havre de paix », la « chance », la « pitié », la « bénédiction », tels sont les noms de certains de ses quartiers ; ses infrastructures sanitaires, scolaires, routières, industrielles,… lui valent également son charme. Le domaine scolaire est significatif de cette puissance d'attraction, du fait de la valeur symbolique du diplôme pour les élites du Sud les plus susceptibles de "faire le voyage" vers la ville. Ensuite, sa répulsion est quant à elle caractérisée par : les catastrophes Naturelles, notamment les inondations et celle de 1988, les conditions de vie déplorables marquées par deux grosses famines, en 1988 et 1998, la présence de l’aide humanitaire « Lifeline Sudan », des régions du Sud. 3. Des logiques d’exclusion Elles ont été très présentes à Khartoum, le relève l’auteur, et ont contribué à compliquer la vie des personnes déplacées. De telles discours ont été prononocés par de grands hommes intellectuels du Pays, qui traitent les réfugiés, non seulement nationaux, mais aussi étrangers, de « chômeurs et des fauteurs de troubles en puissance, criminels, spéculateurs immobiliers ou fraudeurs privant le gouvernement de ses revenus fiscaux et encombrant des services municipaux déjà saturés » (p. 19) Le phénomène a pu prendre un tour violent dans les villes provinciales de taille moyenne, moins cosmopolites que la capitale et donc plus sensibles aux différenciations ethniques, surtout à proximité de la frontière. Victimes de stéréotypes culturels, d'une part, et de la politique autoritaire du gouvernement, d'autre part, les Soudanais du Sud n'ont évidemment pas échappé à ces pressions. L'arrière-plan de la guerre civile a mis en évidence les clivages entre les Sudistes junubi et les Nordistes mundukuru. Les Arabes du Nord, de leur côté, ne cachaient pas leur mépris pour les populations africaines du Sud, décrites comme arriérées et traitées d'esclaves abdi ou grzanges. Au-delà de la responsabilité des autorités dans la création de nouveaux répertoires de criminalité, la dislocation des familles sur les routes de l'exode, il faut le reconnaître, n'a pas été sans conséquences en la matière. Classiquement, la migration économique des hommes vers la ville laissait déjà les femmes seules à la campagne. En conclusion, je dirai que cet ouvrage de Marc-Antoine PEROUSE DE MONTCLOS, "Migrations forcées et urbanisation: le cas de Khartoum", par sa pérennité, nous permet de comprendre l’état des lieux en matière d’urbanisation au Soudan en particulier, mais surtout aussi en Afrique en général, car nombreux aujourd’hui sont ces pays africains qui connaissent ou ont connu une situation similaire à celle du Soudan. On peut indéniablement citer de manière non-exhaustive, le cas de la Côte d’Ivoire, du Mali et plus récemment encore de la République centrafricaine. Cet ouvrage, en mon sens, est un très bon outil d’aide à la planification, dans un sens large, pour permettre aux Etats africains de mieux cerner les enjeux de leur urbanisation, tout en se fixant des objectifs sur le moyen et long terme, en fonction des problèmes actuels des villes africaines, résultats de causes bien connues par ces derniers. BIBLIOGRAPHIE DU MÊME AUTEUR : • "Nairobi : des étrangers en la ville. Quelle assimilation urbaine pour les réfugiés immigrés en Afrique ?", Cahiers de I'IFRA Nairobi, no 1 O, 1998, • "Déplacements forcés et urbanisation dans une petite ville de province : l'exemple de Garissa au Kenya", Les Cahiers de IYFRA, no 15, janvier • "Immigration et montée de la xénophobie en Afrique du Sud : le cas des Mozambicains et l'exemple du township d'Alexandra", l'Espace géographique, vol. 28, no 2, 1999, p. 126-34. • "Refugee Camps or Towns? The Socio-economic dynamics of the Dadaab and Kakuma camps in Northern Kenya", Journal of Refugee Studies (avec Kagwanja P.), vol. 13, no 2, August 2000, p. 205-22. • "L'oeil du cyclone : Djibouti, une cité-État entre guerre et paix", Asrique contemporaine, no 198, avril 2001, p. 57-68. • "Réfugiés, insertion urbaine et modes de mobilisation : l'exemple de Monrovia en guerre", Canadian Journal of African Studies, à paraître
  • @pf
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    MIGRATIONS FORCÉES ET URBANISATION: LE CAS DE KHARTOUM Politologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et chercheur au Centre français sur la population et le développement (CEPED), Marc-Antoine Pérouse de Montclos développe dans ce dossier la situation sociale des déplacés de la guerre et la sécheresse à Khartoum du point de vue démographique. Publiée en 2001, cette étude est le résultat de deux enquêtes de terrain réalisées en 1995 et 2000. Elle s’inscrit dans une recherche plus générale réalisée par l’auteur sur l’urbanisation du continent africain liée aux conflits armés et aux catastrophes naturelles, phénomène qui a été largement ignoré dans les études sur l’exode rural. 1. L'apport migratoire à la croissance démographique de Khartoum Le phénomène n’est pas nouveau: la conquête musulmane, l’abolition du commerce des esclaves, la colonisation égypto-britannique ou la famine ont provoqué des migrations forcées vers la ville avant l’Indépendance en 1956. Mais l’apport migratoire à partir de ce moment (dérivé principalement de la forte sécheresse commencée à la fin des années 1960, des réfugiés de l’Éthiopie dans les années 1970 et des populations du Sud qui échappaient de la guerre à partir de 1983) a été un moteur indéniable de la croissance de Khartoum, dont la population a quintuplé entre 1970 et 1990. Néanmoins, un calcule précise du nombre de déplacés reste compliqué à cause des carences de l’appareil statistique soudanais et de la volonté politique de cacher le problème. Sur le plan économique, après avoir fui ces situations, ces migrants sont arrivés ruinés et se sont retrouvés au plus bas de l’échelle sociale. La capitale a été la principale destination car elle accaparait l’essentiel des infrastructures du pays et semblait pouvoir offrir des opportunités de promotion et reconversion. L’auteur établi une analyse qui nous montre les causes de ces déplacements et l’importance de comprendre les facteurs sociales, économiques, politiques, culturelles et naturelles qui sont sous-jacents aux conflits africains. 2. Les difficultés d’insertion Il y a une grande diversité des situations par rapport à l’origine des migrants. Il faut distinguer entre camps provisoires de déplaces destinés à être renvoyés chez eux, et zones informelles susceptibles d’être légalisées pour ceux appelés à devenir des citadins. En tout cas, les migrants ont été victimes de stéréotypes culturels et de politiques autoritaires. Ils ont été perçus comme voleurs d’emploi, comme coupables de l’augmentation des loyers, de la montée de la criminalité ou de la dégradation de la qualité de vie urbaine. Dans ce contexte, la législation a été durcie pour faciliter les expulsions vers la campagne, des stratégies d’exclusion et isolement se sont appliquées, et la politique urbanistique a conditionné la sécurité foncière du migrant à son allégeance au pouvoir. On remarque que ce phénomène se reproduit dans les différents sociétés et époques. Boucs émissaires faciles pour expliquer les problèmes de la société, les migrants subissent la stigmatisation de la part du pouvoir politique. La réalité se simplifie et les processus qui génèrent ces déplacements ne sont pas tenus en compte, ce qui dérive dans le rejet de la part de la population à cause de la peur et la méconnaissance. 3. L’émergence des communautés urbaines Les déplaces des crises humanitaires sont arrivés à Khartoum pour s’installer. Les difficultés de la ville et les obstacles à son intégration semblent moins dramatiques que les problèmes dans sa région d’origine. Le développement des zones informelles a été marqué par des phénomènes de regroupement ethnique. Au lieu d’aller tout de suite dans l’un des camps prévus pour les accueillir, ils sont d’abord partis à la recherche des compatriotes. Marginalisés sociale et économiquement, ils sont devenus des citoyens de seconde classe, ce qui a souligné l’importance ces solidarités communautaires. Les femmes ont contribué à des tontines, ce qui leur a permis de commencer des activités dans l’informel et a franchi les clivages ethniques, en développant des solidarités de voisinage. On peut voir comment dans ces situations de difficulté la capacité de la population pour s’organiser et faire front aux déficiences de l’État se manifeste. Par contre, l’apprentissage d’une vie commune et la forge des nouvelles identités bases sur la cohabitation forcée sont des processus qui ont besoin de temps. Dans cette lecture on voit comment les crises humanitaires contribuent à l’urbanisation des villes de l’Afrique subsaharienne et du Soudan en particulier. Complémentairement, et appliqué à nos jours, il faudrait prendre en compte une échelle plus grande pour étudier ce problème. Parfois ces crises humanitaires en Afrique, qui génèrent ultérieurement des crises urbaines, sont décrites comme des problèmes internes, ce qui cache toute la dimension internationale et tous les processus externes qui contribuent à la formation et perpétuation de ces événements. (Ruiz-Giménez, 2014). Les conflits armés et les désastres naturelles se multiplient en Afrique et dans le monde, mais au même temps de discuter des solutions pour accueillir les déplaces de ces crises reste fondamental nous demander ses causes et chercher des mécanismes pour attaquer la racine des problèmes, étant donnée qu’il s’agite des situations imprévisibles avec des réponses souvent très improvisés et contre-productives. Bibliographie: Ruiz-Giménez Itziar, Ed. (2014). El sueño liberal en África Subsahariana. Madrid, Los Libros de la Catarata Pérouse de Montclos Marc-Antoine (2001). Migrations forcées et urbanisation: le cas de Khartoum. Paris, Les Dossiers du CEPED nº63
  • @glc
    10 years ago
    MIGRATIONS FORCÉES ET URBANISATION: LE CAS DE KHARTOUM L‘ouvrage s’agit des migrations et les déplacements forcés et l’urbanisation dans les lieus de destin, en particulier avec l’exemple de Khartoum qui, pendant le long de l’histoire, a reçu des populations des lieus prochains, pour différentes raisons (guerre et sécheresse principalement). L’objective de cet ouvrage est de mis en relief la croissance démographique à laquelle Khartoum s’est vu soumis, les endroits sur lesquels les déplacés et les migrants se sont installés, les politiques adoptées pour les autorités, la cohabitation parmi les quartiers voisins et les camps officiels, l’évolution politique de Khartoum, les procédures adoptés de l’assistance internationale qui n’ont pas toujours fait l’effet attendu, les discriminations sociales et politiques qui ont subi les Sudistes et le caractère définitif d’hébergement des déplacés à Khartoum á cause de la continuité de la sécheresse et des conflits armés dans leurs lieux d’origine. Cela ne fait que mettre en évidence le devenir cosmopolite de la capitale où les déplacés sont arrivés pour rester avec leurs coutumes, en enrichissant de cette manière la vie commune qui requerra du temps pour obtenir une insertion totale. Marc-Antoine Pérouse de Montclos est l’auteur de cet ouvrage, il a fait sa thèse de sciences politiques à l'Université du Natal à Durban, Afrique du Sud (1994), il a été recruté à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), il est spécialiste des conflits armés en Afrique anglophone et il enseigne à l’IEP de Paris. Dans l’œuvre l’auteur a voulu traiter différents thèmes comme : 1. Distinguer entre les migrants et les déplacés. La plupart des premières sont des hommes venus seuls afin de faire fortune, ils ont une certaine stabilité économique et une bonne éducation. Par contre, les déplacés, ils sont, généralement, noyaux familières dépourvus de tout à cause de la violence des combats ou de la pauvreté causé par la sécheresse, habituellement ils viennent du Sud alors ils sont appelés « sudistes ». Ils se sont retrouvés au plus bas de l’échelle sociale, avec des chiffres que l’auteur signale comme « à peine un 10% ont obtenu un emploi régulier à Khartoum » ce qui ne fait qu’augmenter les problèmes d’insertion des déplacés et leur dépendance des autorités ». 2. L’hostilité sociale, l’auteur fait allusion aux stratégies d’isolement, les manifestations xénophobes, la législation qui a facilité les expulsions à la campagne, l’imposition des cartes de séjour, l’accusation de tous les maux urbains aux sudistes. Il s’agit vraiment des faits tout contemporains. Il est, à mon avis, malheureusement fréquent que dans les lieux qui accueillent migrants où les déplacés, ils existent des pourcentages élevés qui pensent et montrent une certaine hostilité contre ces personnes. 3. L’adéquation des villes, où la majorité des déplacés n’habitent pas tous les camps, selon l’auteur « peut-être le 80% s’installent dans des zones informelles ». Dans ces endroits les services essentiels (infrastructures sanitaires, scolaires…) ne sont pas assurés. En plus, le gouvernement, afin de dissuader tout enracinement des familles, a interdit la création des collègues au des lycées dans les camps de déplacés. Cela ne fait qu’augmenter le taux d’analphabétisme des enfants lequel est suffisamment haut à cause de l’impossibilité des parents de subvenir aux frais de la scolarisation. Et ceci est une conséquence du rôle des femmes lesquelles ont perdu leurs époux dans les conflits armés et doivent faire face a soutenir leurs familles toutes seules. Malgré quelques chiffres j’aurais, néanmoins, souhaité que le sujet de l’adéquation des villes aurait été traitée plus en détail. Il est nécessaire qu’il existe une législation sur le domaine de la planification urbaine, dans laquelle les lieux menacés par des risques climatiques soient interdites d’y occuper. Il est vrai qu’autant qu’une législation est indispensable, il est essentiel l’application de la même. En plus, les services minimums doivent être garantis pour tous et supervisés par l’assistance internationale. Conclusion: À mon avis, l’ouvrage est un bon exemple de ce que la migration des peuples suppose pour eux-mêmes et pour les lieux où ils s’installent. Il s’agit d’un thème qui est actuellement en vogue, l’histoire ne fait que se répéter, d’un côté il y a l’exemple de la Syrie, avec tous les déplacés, de la même manière qu’au Soudan du Sud à nouveau, et même les migrants à Ceuta et Melilla en Espagne et les politiques adoptées de retournage. Je pense que le livre décrive vraiment bien les mêmes problèmes qui vont se trouver tous ces personnes et les défis auxquels les populations doivent faire face pour réussir à obtenir une bonne coexistence. J’aurais aimé avoir quelque cite aux problèmes dérivés de la localisation spatiale informelle, surtout celle qui est incontrôlée et les possibles risques qu’elle emmène. Par exemple, les inondations et les dégâts qu’ils font, les problèmes des déchets, ainsi que ceux dérivés des transports. Outre, quelques références aux études de changement climatique est les prévisions des déplacements causées par les conséquences, parmi lesquelles sont les sécheresses, auraient été formidables. Pérouse de Montclos Marc Antoine(2002). Migrations forcées et urbanisation : le cas de Khartoum. Paris, centre français sur la population et le développement, CEPED.
  • @nziwoue
    10 years ago
    MIGRATIONS FORCÉES ET URBANISATION : LE CAS DE KHARTOUM Marc-Antoine PÉROUSE DE MONTCLOS Introduction Il y a environ trois décennies, le territoire jadis appelé Soudan (aujourd’hui divisé en deux Etats indépendants : le Soudan et le Sud-Soudan) comme toute la corne de l’Afrique connut une véritable catastrophe naturelle, la sécheresse. Et comme si les populations n’avaient déjà pas enduré assez de souffrances à cause de cette sécheresse, une guerre civile opposant la rébellion du Sud au gouvernement du Nord vint culminer à leur paroxysme le désarroi, l’exode rural, la famine, le déplacement forcé de ces populations. Ces populations, fuyant les campagnes dépourvues de presque tout, où sévissent famine et violents combats militaires se refugient dans les villes tant moyennes que les grandes telle Khartoum. Ce flux massif et coercitif des ruraux dans ces villes de l’ancien Soudan et particulièrement à Khartoum a suggéré à l’auteur, spécialiste des conflits sur le continent africain, deux enquêtes de terrain en 1995 et 2000 à l’issue desquelles il publie « Migrations forcées et urbanisation : le cas de Khartoum » L’auteur de cet ouvrage est Marc-Antoine Pérouse de Montclos. Ecrivain-chercheur, de nationalité française, il est docteur en sciences politique de l'Université du Natal à Durban, Afrique du Sud (1994). Politologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), chercheur au Centre français sur la population et le développement (CEPED), Paris. Spécialiste des conflits armés en Afrique anglophone. Il enseigne l’aide humanitaire et la guerre à l’institut d’Etudes Politiques (IEP) à Paris depuis 2003 et compte plusieurs publications à son actif. Pour l’auteur, l’ensemble des villes de l’ancien soudan a connu une urbanisation précipitée par la guerre et la sécheresse. La capitale Khartoum, de part la concentration des richesses (divers réseaux), de l’offre en éducation et de santé mais aussi à l’absence d’une volonté politique d’insertion des immigrants fait figure d’une ville naviguant entre attraction et répulsion. Par ailleurs, il remarque qu’une tenure foncière à géométrie variable, des logiques d’exclusion et des subtilités d’un urbanisme sécuritaire savamment entretenues par le pouvoir politique islamisant d’alors ont fini par faire perdre tout espoir d’un lendemain meilleur à tous les immigrants (nationaux et internationaux) voire les reléguer au statut de citoyens de seconde zone En somme, « Migrations forcées et urbanisation : le cas de Khartoum » comme le dit l’auteur, cette opuscule s’inscrit dans le champ d’une recherche plus générale sur la façon dont les migrations forcées liées à des catastrophes naturelles ou des guerres contribuent à urbaniser le continent africain. L’introduction faite, la discussion des thèmes tels conditions de l’urbanisation de Khartoum, la responsabilisation des femmes au cours de cette migration forcée, le rôle refuge des villes et l’aide humanitaire feront l’objet de cette partie. 1. Conditions de l’urbanisation de Khartoum L’urbanisation étant un phénomène démographique se traduisant par une tendance à la concentration de la population dans les villes (Larousse) Pour l’auteur la religion en l’occurrence l’islam a joué un rôle non négligeable dans la fixation des populations en ville. Aux avant-postes du dar el-islam, à savoir le monde des croyants, la conquête musulmane a, en l'occurrence, agrégé les fidèles dans des zara'ib fortifiés et commandés par un maître. Pour le repos des voyageurs et des commerçants itinérants ont également été créés des caravansérails dans des congrégations khanaqah dont l'administrateur était un chef séculier plus qu'un guide spirituel Il s’en suit qu’environ 35000 esclaves razziés de l’ouest et du sud peuplaient la ville à ses débuts. A ce niveau on s’interroge sur l’existence ou non des autochtones. L’ouvrage n’en parle pas. Est-ce à dire que Khartoum était un no man’s land à son origine A coté de ces conquêtes tant territoriales que religieuses, les aléas de climat et par ricochet la famine ont fini par forcer la sédentarisation des éleveurs nomades et l’afflux des ruraux victimes de la sécheresse, dans et autour de la ville de Khartoum. 2. Le rôle refuge des villes Comme Khartoum, un certain nombre de villes de l’ancien soudan ont joué le rôle de ville refuge C’est ainsi à Khartoum, l’auteur écrit : « Pour les déplacés, une telle concentration de richesses paraissait pouvoir offrir des opportunités de reconversion économique et de promotion sociale » Cette richesse qui donne un avantage certain à la ville par rapport aux autres régions est la conséquence des choix des axes de développement très peu harmonieux du territoire. Il faut remarquer ici qu’en temps de guerre la majorité des villes surtout celles du sud ont accueilli des populations fuyant les combats. Mais comme note l’auteur : « Le mouvement n'a jamais été à sens unique » car par moment, lorsque la furie dévastatrice des combats atteint les villes les populations sont contraintes de se déplacer. Par temps de paix ou quand la situation se normalise, sous l’égide des organisations internationales (HCR ; CRCR par exemple), les déplacés qui avaient traversé des frontières internationales font le chemin inverse, dépeuplant par la même occasion les villes où elles s’étaient refugiées. 3. la responsabilisation des femmes au cours de cette migration forcée L’auteur affirme : Bien que l'ensemble de la ville compte une majorité d'habitants de sexe masculin, le recensement de 1993 a mentionné deux fois plus de femmes que d'hommes parmi les déplacés ; certains ont même évoqué un ratio d'environ neuf pour un (Lavergne, 1999, p. 125). Et que selon des enquêtes réalisées sur place, 34 % de foyers des déplacés sont tenus par des femmes seules (Loveless, 1999, p. 28). Ceci est d’autant plus vrai que les femmes, âpres la mort au combat de leurs époux, pour ne citer que cette cause, doivent assumer le rôle de chef de famille. Un rôle pour lequel rien ne l’y ont préparée dans une société où elles sont reléguées à jouer les seconds rôles. Economiquement affaiblies par la perte des moyens de subsistance qu’elles tiraient d’une agriculture ou d’un petit élevage extensif par temps de paix, elles sont désormais obligées d’exercer les petits métiers voire s’adonner à la prostitution afin de subvenir aux besoins élémentaires de la famille. Il s’avère que dans ces conditions, la scolarisation des enfants apparait comme quelque chose de superflu avec des conséquences dramatiques tels la délinquance juvénile, le travail des enfants, le phénomène des enfants de la rue, le banditisme. 4. L’aide humanitaire dans les camps « La terminologie officielle distingue bien les camps de déplacés, établis sur une base provisoire, des zones informelles, susceptibles d'être égalisées. Les uns et les autres sont tout aussi éloignés du centre-ville. Le clivage entre les deux types de tenure foncière tient principalement à la composition sociale et à la vulnérabilité des habitants : en majorité des migrants originaires de l'Ouest du Soudan dans les zones informelles et des Sudistes dans les camps. Ces derniers constituent les deux tiers de la population des camps mais moins de la moitié de celle des bidonvilles (Loveless, 1999,p. 15et 19). » Le terme camp ici est péjoratif dans le langage de la junte militaire au pouvoir à Khartoum et désigne le lieu où sont parqués majoritairement les déplacés du sud comme si le sud ne fait pas partie intégrante du soudan. Beaucoup d’organisations du système des Nations Unies et des Ongs qui travaillent au soudan ont pris en charge les refugiés. Qu’il s’agisse de la distribution de l’aide d’urgence ou d’aide de relèvement, ces actions humanitaires ont permis de restaurer autant faire se peut la dignité humaine, compensant par là, la défaillance d’une junte militaire qui n’a manifestement pas la volonté de soutenir ses populations en détresse par ses choix politiques. Mais pour autant peut-on faire fi de nombreux disfonctionnements que l’on observe souvent au cours de ces opérations. Et pour terminer nous faisons nôtre ce questionnement : « le véritable défi pour les ONG serait donc de connaitre le seuil où les effets pervers l’emportent sur les effets bénéfiques, le sauvetage d’une vie aujourd’hui se traduisant par le sacrifice de dix demain. » (Cédric Gouverneur, le Monde diplomatique, juillet 2002) BIBLIOGRAPHIE ABU SINM.E. 1991. "Migration from Eastern Gezira into Greater Khartoum, A Case Study in Rural-Urban Migration and Population Integration Processes in Sudan". GeoJournal. N°25/1, pp. 73-79 A’URBA/ADES-CNRS. 2011. L'usage de la ville par le genre : les femmes, Bordeaux, a’urba. 178p. ELA J.M. 1983: La ville en Afrique Noire, Karthala, 219 p. Pérouse de Montclos M.A. 2001. Aide humanitaire, aide à la guerre ? (L’), Collection Enjeux du XXIe siècle, 200p
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