Abstract

Parmi les qualificatifs accolés à la ville, ceux évoquant le haut de la hiérarchie urbaine sont particulièrement prisés par les contemporains, quelle que soit l’époque. La très grande ville fascine et se réinvente périodiquement à travers des expressions nouvelles, censées marquer une différence de nature avec les autres cités : ville-monde, ville mondiale, ville globale, équivalents puisés à renfort de racines grecques (métropole, mégapole, mégalopole), agglomérats d’un nouveau genre issus d’une mise en réseau à l’échelon planétaire (archipel mégalopolitain mondial, système de villes mondiales). Pourtant, si l’on s’intéresse à la hiérarchie urbaine, force est de constater qu’aucune rupture majeure n’apparaît dans la distribution des tailles de villes, classées de la plus grande à la plus petite. Il existe certes des phénomènes de primatie, mais dans des limites raisonnables : généralement, la plus grande ville est deux fois plus peuplée que la deuxième ville d’un pays, parfois davantage si ce dernier est très centralisé – par exemple en France dès le XVIIe siècle ou dans certains pays d’Afrique subsaharienne ou d’Amérique latine aujourd’hui. Cette ville primatiale correspond d’ailleurs rarement à une ville mondiale. Est-ce à dire que la ville mondiale n’est qu’une très grande ville, qui met elle-même en scène sa puissance à travers un jeu de symboles renvoyant à l’échelle la plus vaste qui puisse exister dans l’imaginaire de l’homme : le cosmos, le monde, l’univers ?

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