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The Age of Commodity: Water Privatization in Southern Africa

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(2005)

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    10 years ago (last updated 10 years ago)
    L’ouvrage présenté dans cette note de lecture est : « The Age of Commodity: Water Privatization in Southern Africa » qui s’intéresse à la politique de l’eau dans le cadre du contexte sud-africain. Cet ouvrage est composé de chapitres rédigés par différents experts qui exposent les fondements théoriques et conceptuels de cette problématique. L’analyse se poursuit par la présentation de cas pratiques. Cette note va se concentrer sur le Docteur Alex Loftus, qui a notamment rédigé le chapitre 10 ‘Free Water’ as Commodity: The Paradoxes of Durban’s Water Service Transformations du présent ouvrage. Actuellement maître de conférence dans le département de géographie du King’s College de Londre, il est convaincu qu’il peut apporter un changement radical au monde au travers de ses publications, ainsi qu’avec les échanges qu’il a avec ses étudiants. Loftus s’est intéressé à la problématique des politiques publiques liées à l’eau à Durban durant sa recherche de doctorat. Ces écrits sont fortement influencés par la Political Ecology, notamment en milieu urbain. Il s’intéresse particulièrement aux politiques concernant l’eau avec une approche teintée de pensées néo-marxistes. La Political Ecology est une excellente approche pour comprendre les problématiques sociales et environnementales en milieu urbain. La note se base donc sur son écrit à propos de la gestion publique de l’eau dans la ville de Durban en Afrique du Sud, abordant la politique de la gratuité de l’eau. La ressource Eau est au centre de nombreuses politiques. Que cela soit en milieu rural ou en milieu urbain, elle joue un rôle central pour assurer un développement viable. Dans les milieux urbains, les problématiques liées à l’eau concernent : son accessibilité, le réseau n’étant pas toujours complet, sa disponibilité ou encore la valeur monétaire donnée à l’eau. Selon cette recherche, la mise à disposition gratuite de l’eau en ville n’est pas forcément bénéfique. Bien qu’assurant une quantité minimale hebdomadaire d’eau par personne, la politique de l’eau gratuite entraine d’autres conséquences, notamment sur la quantité, qu’il faut aussi prendre en compte. Loftus aborde la question de la gestion de l’eau en ville. L’exemple qui illustre cette recherche est celui de la ville de Durban. La ville a souvent été prise en exemple pour sa bonne gestion, notamment sa politique de « Free Water ». Loftus analyse alors en détails le processus de développement du système hydraulique dans cette ville d’Afrique du Sud. Au travers de cette recherche, différentes thématiques se dessinent clairement. Tout d’abord, la question de la forme de la ville est importante. L’historique du pays a laissé beaucoup de cicatrices. De par sa politique, l’Afrique du Sud comporte des villes fortement ségrégées. Bien que l’apartheid soit terminé, l’urbanisation est toujours très segmentée. La deuxième thématique principale est celle de l’approvisionnement en eau. En milieu urbain, cette composante est particulièrement importante pour assurer une certaine paix sociale, ainsi que des conditions de vie acceptables. L’auteur expose les différents systèmes de gestion tels que la privatisation ou encore la politique de gratuité de l’eau. Finalement, cette analyse met en lumière l’influence de l’infrastructure et des choix technologiques qui sont pris en matière de gestion de l’eau. La ségrégation est un phénomène qui est en cours dans la plupart des villes du monde, des « gated comunities » américaines jusqu’aux bidonvilles indiens. La « Nation arc-en-ciel » n’y échappe pas non plus, notamment, comme évoqué plus haut, à cause de l’apartheid qui a défini comme politique publique de séparer les différentes populations. Ces inégalités sont souvent exacerbées par le développement urbain informel. Cette recherche se base donc sur trois quartiers différents de Durban . Le premier « Township » est un ancien quartier qui est desservi par des infrastructures hydrauliques depuis sa construction. Le deuxième quartier est un Township plus large qui est habité par des communautés ayant des convictions politiques affirmées, notamment chez les populations jeunes. La distribution est très hétérogène allant de connections aux services à des bornes fontaines. Le dernier exemple est un quartier formé d’habitations séparées sur les berges du barrage d’Inanda. L’approvisionnement d’eau est assuré par des réservoirs de surface dans chaque habitation. Ce qui apparaît tout d’abord, c’est que malgré un taux de pauvreté et de chômage élevés dans ces trois quartiers, il existe une forte hétérogénéité entre l’approvisionnement en eau. Ces différentes situations démontrent la complexité pour améliorer l’approvisionnement en eau dans les villes connaissant un développement informel élevé. Les populations les plus organisées et revendicatrices bénéficient des différentes améliorations du système, tandis que les plus pauvres n’ont pas les moyens de profiter de ces changements. Ce phénomène découle d’abord du manque de connections au réseau qui empêche de profiter des politiques publiques. Près d’un demi-million de personnes ne sont pas connectées au réseau et exclues de ces politiques. Ensuite cette situation n’évolue pas, car les pauvres n’ont pas les moyens ou les connaissances pour revendiquer leurs droits. Le point central de cette étude est la politique de gestion de l’eau. La métropole de Durban a décidé de fournir un accès gratuit à l’eau à tous ses citoyens à partir de 2000 . Cette décision a levé de nombreuses questions. Tout d’abord, il s’agit de la quantité d’eau que chaque habitant peut disposer par jour. Durban a décidé de fixer ce taux à 200 litres par foyer et par jour. Cette première caractéristique laisse déjà entrevoir des faiblesses. En effet, les différents foyers ne sont pas tous identiques. Certaines habitations, notamment les plus pauvres, abritent beaucoup plus de personnes que certains quartiers riches. Cette limite ne semble donc pas être pertinente. Le deuxième problème repose sur la question du financement de l’infrastructure. L’infrastructure hydraulique est chère et nécessite de constants développements et rénovations pour diminuer et limiter les pertes. C’est souvent sur cette thématique que repose la défense des adeptes de la privatisation de ce secteur. Bien que le privé puisse être apte à gérer l’approvisionnement en eau pour les classes moyennes et élevées, cela semble moins évident pour le développement de ce réseau dans les quartiers pauvres et informels. De plus, à Durban, cela a posé un problème puisque la compagnie qui fournit l’eau, la Durban Metro Water Services (DMWS), doit se fournir auprès de la compagnie nationale qui fixe les prix. Elle est donc dépendante de cette compagnie pour l’approvisionnement et vulnérable face aux possibles variations du prix. Finalement, la politique de gratuité de l’eau entraine des conséquences inattendues. Les différents habitants qui consomment plus d’eau que la limite ou qui « volent » de l’eau sont soumis à des amendes. Les classes moyennes ont les moyens de payer cette « surtaxe », tandis que les plus pauvres voient leurs factures explosées. Suite aux impayés, la solution qui a été choisie est celle de la déconnexion. Cette politique a donc entrainé une coupure de l’accès à l’eau pour certains des foyers les plus pauvres. Ces différents impacts soulignent la difficulté que peuvent rencontrer les urbanistes dans la gestion de l’approvisionnement en eau. De nombreuses composantes politiques, économiques, environnementales, sociales, voire technologiques influencent les décisions. Finalement, il est intéressant d’aborder la question des infrastructures et de la technologie pour l’approvisionnement en eau. Afin de réguler la quantité d’eau consommée, Durban a fait un choix technologique pour modifier le comportement des habitants. Il s’agit de valves limitant le débit d’eau. Ce choix technique entraîne de nombreuses conséquences sociales sur les pauvres. Il faut prévoir en avance les besoins en eau, car la quantité est vraiment minime et empêche une utilisation efficace. Cela oblige les ménages à constamment anticiper leurs besoins. Le deuxième point qui est important concernant les technologies d’approvisionnement est le prix payé par les différentes personnes. Les habitants bénéficiant de connections au réseau paient moins chers que les populations des townships qui se fournissent chez « les vendeurs d’eau ». Les pauvres paient donc plus cher leur eau que les populations plus aisées. Pour conclure, cette approche « néo-marxiste » aborde la thématique de l’approvisionnement en eau du point de vue des problématiques sociales. Elle se focalise sur les pauvres. Il est important de souligner que les thématiques liées aux classes moyennes ou plus élevées ne posent pas les même priorités, ni les mêmes intérêts. Il s’agit plus souvent de questions liées à des aspects qualitatifs. Cependant, il est clair qu’étant donné l’importance de l’eau pour le développement de la vie, il est vital que toutes les populations aient accès à cette ressource. C’est donc une composante essentielle à prendre en compte lors de la planification urbaine. Avant de réfléchir à d’éventuelles politiques publiques, il est essentiel de raccorder les gens au réseau. Il faut trouver des solutions à bas coût pour permettre un accès du plus grand nombre et permettre de développer ensuite des politiques destinées à toute la population. - Dumay, C., 2003. Afrique du Sud: privatisation de la distribution d'eau, A Bon Entendeur. [Vidéo] [En ligne], disponible sur : http://www.rts.ch/video/emissions/abe/901469-afrique-dusud-privatisation-de-la-distribution-d-eau.html (consulté le 31.03.14). - Loftus, A., 2005. The Age of Commodity : Water Privatization in Southern Africa. In McDonald, D. A., Ruiters, G. (Eds) London : Sterling, Earthscan. - Mainet-Valleix, H., 2002. Durban, une très grande ville d’Afrique. Bulletin de Liaison des Professeurs d'Histoire-Géographie de l'Académie de Reims. N°28. [En ligne], disponible sur : http://www.cndp.fr/crdp-reims/ressources/brochures/blphg/bul28/durbanmainet.htm (consulté le 31.03.14). - World Bank, 2001. Durban Metro Water: Private Sector Partnerships to Serve the Poor. A Case Study, Water and Sanitation Programme. [En ligne], disponible sur : http://www.wsp.org/sites/wsp.org/files/publications/af_durban.pdf (consulté le 31.05.12).
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