PhD thesis,

La croissance et le système de gestion et de planification et de gestion de la ville de Praia (Rep. du Cap Vert)

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(2009)

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  • @sophietheven

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  • @sophietheven
    10 years ago
    L’ouvrage considéré ici, « La croissance et le système de gestion et de planification et de gestion de la ville de Praia (Rep. du Cap Vert) », est une thèse de doctorat en géographie-aménagement du territoire écrite par Judite Medina do Nascimento. Cette thèse, présentée en décembre 2009 dans le département de géographie de l’Université de Rouen (France), fut écrite sous la direction de Michel Lessourd, géographe spécialiste du Cap Vert. L’auteur, Judite Medina do Nascimento, est capverdienne, geographe et maintenant recteur de l’Université du Cap Vert (Mindelo). Grace à une bourse d’études elle prit un congé de 3 ans pour fréquenter le programme de Doctorat de l’Université de Rouen et réaliser cette thèse. L’objectif de ce travail est de mieux comprendre les relations entre la croissance de la ville de Praia, les caractéristiques démographiques et sociales de la population et le système de gestion et de planification urbaine et proposer des solutions aux problèmes identifiés. L’hypothèse de l’auteur est qu’il y a une relation étroite entre la structure du système de gestion et de planification et les caractéristiques de la croissance urbaine (formes de croissance, déséquilibres sociaux et spatiaux). Pour analyser ces relations l’auteur fait un diagnostic de la ville. Praia avec une population de 125 000 habitants en 2008 regroupe 25% de la population du Cap Vert. L’immigration (nationale et internationale) est le facteur principal de croissance de la ville (+300% entre 1970 et 2000). Elle a entraîné le développement rapide de quartiers irréguliers d’habitat précaire dans les zones périphériques de la ville et sur les versants des plateaux. Des systèmes informels de gestion foncière et d’accès à l’eau et à l’électricité s’y sont développés. Cette forme de croissance entraine des déséquilibres spatiaux caractérisés par un étalement urbain sans infrastructures adéquates. Face à cet afflux et aux difficultés qu’il produit l’auteur propose de développer des programmes d’intégration et d’appropriation du milieu urbain et de réduire la croissance de la population grâce à des programmes de développement rural qui permettraient de fixer les populations. Des programmes d’intégration pourraient toucher tous les immigrés de la et faciliter la vie et la citoyenneté. De tels programmes ont-ils déjà été mis en place et quels ont été leurs impacts ? Pour ce qui est de réduire les mouvements de population vers la ville l’auteur encourage une planification préalable de l’aménagement du territoire national définissant le potentiel de chaque région qui permettrait d’élaborer des stratégies de développement local plus durables. Cette proposition, qui ne concerne que les immigrants capverdiens, impliquerait de soutenir l’agriculture de subsistance et l’artisanat local, de multiplier les pôles de développement et de repenser le développement du pays dans son ensemble. Elle met en question la politique économique du pays, voir sa place dans le système international, et demanderait un engagement fort de la part des hommes politiques. L’absence d’une politique de gestion de la croissance et de services efficaces d’aménagement urbain a permis le développement de l’occupation spontanée et de l’habitat précaire. L’ampleur de ces quartiers (19 sur 31) rend une urbanisation rationnelle à court terme impossible. L’auteur souligne le besoin de contrôler la croissance spontanée et illégale et de lutter contre les structures informelles et opportunistes d’urbanisation. Le développement du cadastre et les concessions de terrains contribueraient à cet effort. L’auteur ne considère cependant pas les ressources financières, techniques et institutionnelles supplémentaires qui seront nécessaires pour réaliser ces tâches. L’hétérogénéité de la structure démographique et de la distribution spatiale est accompagnée d’inégalités d’aménagement, d’équipements, et d’entretien des quartiers entre la ville formelle planifiée et la ville informelle spontanée où les conditions de vie sont précaires. L’occupation hétérogène de l’espace en ce qui concerne les fonctions urbaines (résidence, services/commerce, accessibilité, etc.) et les caractéristiques sociales des résidents influencent également la croissance et le développement urbain. Les quartiers pauvres d’habitat précaires, mal entretenus et sans espaces collectifs prédominent. Selon l’auteur cette situation s’explique par : l’absence de coordination entre les institutions, des mécanismes juridiques inefficaces et le transfert de ressources publiques aux collectivités locales avec la décentralisation ; l’accès au crédit d’habitation et au logement social de plus en plus difficile et inégal ; l’accès informel à l’eau et à l’électricité ; et des interventions aléatoires, sans plans et sans critères. Pour aller vers une gestion qui puisse réduire les disparités, l’auteur propose la mise en place de stratégies et de politiques de proximité avec les résidents afin d’élaborer les plans de développement urbain sur la base de leurs besoins et de leurs visions de leurs quartiers. Bien qu’une strategie participative soit un element positif dans la planification, l’aspect institutionnel est loin d’être le seul facteur explicatif des inégalités dans le développement urbain. La réduction des budgets pour les politiques sociales et le prix élevé de l’eau et de l’électricité que les populations des quartiers informels ne peuvent payer sont aussi à prendre en compte. De plus si des plans répondant aux besoins de la population sont élaborés, les moyens pour les mettre en œuvre existent-ils ? Le manque de planification du développement urbain a aussi donné lieu à une structure viaire et un réseau de transport collectif déficients qui constituent un obstacle à la circulation et au développement urbain. Si la maintenance des rues est trop lente dans tous les quartiers, les problèmes de voiries dans les quartiers informels rendent les déplacements difficiles même aux piétons. Le réseau d’autobus est mal organisés et ne répond pas aux besoins. La concentration aggrave les problèmes de circulation dans le centre ville et sa mauvaise connectivite ne permet pas de circuler entre les quartiers. Pour remédier à cette situation l’auteur propose l’aménagement de voies et d’espaces de stationnement ; repenser les trajets d’autobus et éliminer les arrêts du centre ville ; relocaliser le marché central et restructurer les locaux actuels en marché artisanal. Dans son analyse du système de gestion de la ville de Praia l’auteur voit que l’existence de plans de développement urbain n’a pas permis d’éviter le développement déséquilibre de la ville. Le problème se trouve autant dans l’élaboration des plans que dans leur gestion. Le système centralisé et distant des citadins conduit à une planification qui ne tient pas compte de leurs besoins. A cause d’inertie et de ressources insuffisantes, il y a un décalage entre l’élaboration des plans et leur exécution. Quand ils sont exécutés les plans sont déjà dépassées par la croissance de la ville. La désarticulation entre les plans et les interventions est également due au fait que les plans sont élaborés par des étrangers qui connaissent mal les caractéristiques locales et font des propositions d’aménagement inadaptées qui sont fréquemment modifiées. La hiérarchie des plans n’est pas non plus respectée. Les plans de niveau inferieur sont élaborés d’abord sans les orientations des plans de niveaux supérieurs. Les plans de niveaux supérieurs doivent se baser sur le diagnostic des réalités locales mais précéder ceux des niveaux inferieurs. L’alternance politique est une autre cause de désarticulation. Les changements d’équipes municipales sont suivis de changements de politique urbaine, et il n’y a pas de continuité dans les projets. L’auteur conclue que le système de gestion et de planification de la ville de Praia est inefficace face à la croissance de la ville, incapable de répondre aux besoins d’une population croissante et provoque une forme de développement déséquilibré et inégal. Pour améliorer ce système l’auteur suggère de penser le développement du territoire dans sa totalité et de créer une articulation entre les stratégies centrales et locales pour une développement intégré et efficace. Elle propose la création d’un nouveau système d’organisation de la ville en 10 secteurs, avec pour chaque secteur la création d’une Unité Décentralisée de la Direction de l’Urbanisme et la création d’un Département de Gestion des Quartiers au sein de la mairie qui serait le point focal des unités décentralisées. Cette organisation pourrait contrecarrer la centralisation du système actuel qui porte peu d’attention aux quartiers informels. Ainsi selon l’auteur le développement déséquilibré de la ville de Praia est dû principalement à la faiblesse du système de gestion et de planification urbaine et au manque d’aménagement du territoire à un niveau national. Ses recommandations pour résoudre les déséquilibres portent sur le renforcement du système de gestion et de son articulation à des orientations d’aménagement national qui soutiennent les spécificités locales. Cependant cette approche n’est pas placée dans le contexte économique et politique qui entoure et conditionne la dimension institutionnelle ainsi que le développement des villes africaines. Avec la provision de services urbains progressivement confiée au secteur privé et/ou devant répondre à des critères de recouvrement des coûts par les usagers, le développement existe là où il y a une demande effective suffisante. Dans les villes pauvres ceci accentue les disparités géographiques et les inégalités d’accès aux services de base.
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