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Le futur de l’eau dans les villes africaines. Pourquoi gaspiller l’eau? Vue d’ensemble

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The World Bank, (2013)

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  • @arnoldo1466

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  • @arnoldo1466
    10 years ago
    Ce rapport de la banque mondiale traite de l'approvisionnement en eau des villes africaines. En effet, il s'agit d'une problématique de plus en plus aigu sur ce continent et les auteurs de ce rapport préconisent d'importer des solutions qui ont porté leurs fruits notamment en Amérique latine. La gestion intégrée de l'eau en ville (GIEV) permet selon les auteurs d'aider les responsables en charge de la gestion de l'eau dans les villes africaines à faire face d'une part à l'augmentation des besoins en eau (quadruplement attendu) liée à une urbanisation croissante (+3.9% par an), et une agriculture toujours plus demandeuse d'irrigation et d'autre part une réduction des ressources causée notamment par le réchauffement climatique et la pression démographique. Ce rapport préconise une approche multi dimensionnelle, inclusive, souple et durable de l'eau. Ainsi, il convient de prendre en compte l’ensemble du bassin hydrographique, de corriger les interactions négatives (mauvais assainissement), de tirer parti de celles positives (réutilisation des eaux usées) et d'allouer différentes qualités d'eau pour différents usages. Par ailleurs, les villes ont tout intérêt à diversifier leurs sources d'approvisionnement afin de ne pas être tributaire d'une source qui pourrait se tarir ou devenir beaucoup trop coûteuse. Enfin, les auteurs appellent la banque mondiale à promouvoir la GIEV dans l'ensemble de ses projets, à l'associer dans des investissements précis et des projets témoins qui feraient office de porte étendard de la gestion durable de l'eau et motiveraient d'autres villes à s’impliquer. La connaissance et le retour d’expérience doivent être également partagés avec d'autres organisations et régions du monde afin de rendre la GIEV plus efficace et moins onéreuse. Ce rapport pose la question de l'application de la gestion durable de l'eau dans les villes africaines, il s'agit en effet d'une question majeure étant donné malheureusement le faible respect des réglementations en Afrique et donc le faible impact que peut avoir une stratégie de «top down». Car s'il est essentiel d’énoncer des nouvelles normes environnementales liées à la préservation de l'eau et de les faire appliquer par la loi sous peine d'amendes par exemple, il est non moins primordial de faire prendre conscience à chacun dans la population de l'importance d'une gestion durable de l'eau afin d'emporter leur adhésion. L’éducation en cela se révèle être un levier puissant, en effet, les enseignants pourraient expliquer de manière simple la problématique et les dangers (manque d'eau, maladies, menace sur la faune et la flore…) que pose le gaspillage de l'eau. De même, ils donneraient une liste de conseils pratiques aux enfants qui ensuite se chargeraient d’éduquer les parents sur ces questions (laver la vaisselle/légumes dans une bassine, arroser les plantes la nuit pour éviter l’évaporation...). Par ailleurs, les politiques doivent également être sensibilisés à ces questions afin que le concept de gestion durable de l'eau soit au cœur des nouveaux développements de la ville (par exemple en équipant tous les robinets, douches et WC de réducteurs d’eau). Les responsables pourraient par exemple mener des campagnes de sensibilisations auprès de la population, en mettant en exergue les dangers très concrets du gaspillage de l'eau mais aussi les aspects positifs d’une gestion durable (notamment en matière de réduction des factures d'eau) et l’enrôler dans la lutte en mettant à disposition un numéro de téléphone/ site internet pour attirer l'attention des municipalités sur certains problèmes (qualité de l'eau, fuites, gaspillage…) dans certains quartiers ou en proposant des solutions innovantes. L'autre grande question abordée dans ce rapport concerne la gestion des fuites d'eau qui peut par exemple représenter de 50% à 70% de l'eau distribué au Caire du fait de canalisations extrêmement vétustes et de l’incompétence de l’État en la matière, il n'est pas rare par exemple de voir des fuites d'eau dans certains quartiers perdurer pendant plusieurs jours sans que rien ne soit fait. Le souci vient également du fait que des quartiers entiers sont dépourvus de tout service de l’État, et donc se raccorde d'eux-mêmes de manière illégale aux canalisations d'eau de façon plus ou moins professionnelle sans concertation (les communautés la plupart du temps s'organisent, et construisent ou paient des ingénieurs pour se raccorder au réseau publique de distribution d'eau ou pour le tout à l’égout). Il serait plus efficace si l’État intégrait ces communautés dans ses instances de décisions afin de faire progresser les services en villes, et améliorer les stratégies pour lutter contre le gaspillage de l'eau. Par ailleurs, il s'agit également à la population de prendre conscience du fait que l'eau est une ressource rare et donc d'augmenter le prix de l'eau en conséquence. Une tâche qui est plus complexe qu'il n'y paraît notamment dans le Nord de l’Afrique ou l'eau est considéré dans l'Islam comme un don de dieu et donc gratuite (sauf en ce qui concerne le traitement et l'acheminement) ce qui donne une illusion d'abondance qui va à rebours d'une gestion durable de l'eau. Il apparait donc important de convaincre les politiques d'augmenter le prix de l'eau ce qui permettra non seulement de réduire la consommation par habitant mais également d’accroître les moyens financiers pour améliorer les infrastructures et la qualité de l'eau. Enfin, le dernier point décisif de ce rapport concerne la réutilisation des eaux usées en fonction de son utilisation finale. En effet, aujourd'hui, bien souvent, les villes retraitent l'eau sans s'occuper de savoir si au finale elle sera utilisée par la population pour boire, se laver, ou encore pour des besoins industriels ou agricoles. Or il n'est pas nécessaire que l'eau soit potable si par exemple elle est utilisée à des fins industrielles. De même, il n'est pas nécessaire que l'eau soit d'une qualité optimum pour l'irrigation des cultures. Si les municipalités commençaient à séparer la qualité de l'eau en fonction de son utilisation, de nombreuses économies financières, énergétiques et hydriques pourraient être faites et l'eau pourrait être réutiliser bien plus souvent et de plus manière plus simple sans forcément passer par de coûteuses usines de retraitement d'eau, en subissant un traitement plus grossier ou naturel comme la géofiltration qui utilise le pouvoir filtrant des sols pour épurer l'eau de ses éléments indésirables. C'est notamment le cas dans le cadre de l'agriculture (qui représente 70% de la consommation d’eau), car les eaux usées sont une source d'eau fiable durant toute l’année dans les climats arides et semi-arides, possèdent les nutriments nécessaires au développement des végétaux, évite de faire appel aux ressources en eau de source, réduit l'utilisation d'engrais chimiques et le rejet direct de ces eaux dans les eaux de surface en aval. Cependant il est nécessaire de réaliser des analyses chimiques et microbiologiques afin d’éviter que des agents pathogènes puissent être transmis aux hommes par l’intermédiaire des végétaux. En général, il est préférable d'utiliser les eaux usées domestiques car elles pressentent moins de risques que les eaux résultant d'usages industriels qui souvent contiennent des produits chimiques pouvant être hautement toxiques pour l'homme. En conclusion, il apparaît que ce rapport propose des pistes extrêmement intéressantes et répondant aux caractéristiques particulières de cette région, notamment en terme de souplesse, de faible coût et d'inclusion de toutes les différentes composantes de la société civile. Il reste à voir si la volonté des gouvernements locaux et l'association des différentes organisations internationales comme la banque mondiale seront suffisantes pour définitivement propulser les villes africaines dans l’ère de la gestion durable de l'eau. Il faut certainement aller plus loin et plus généralement améliorer la transparence des politiques à tous les échelons dans les pays africains qui sont trop souvent handicapées par un haut niveau de corruption et de bureaucratie ralentissant drastiquement la vitesse de propagation des réformes et réduisant la portée des mesures ce qui peut entrainer un rejet de la part de la population. Les organisations internationales devraient jouer un rôle d’aiguillon avec une demande forte de transparence et de résultat en contrepartie d’une aide ciblée qui doit stimuler les politiques locales en formant les équipes locales pour qu’ elles puissent ensuite prendre le relai. Par ailleurs, des mesures spécifiques sur l’éducation en matière de gestion durable de l’eau pourrait engendrer un effet de caisse de résonance dans la population et pousser les municipalités et gouvernements à agir. La société civile est probablement la clé face à ce défi et les politiques hydriques en ville se doivent de l’inclure en amont de tout projet afin d’accroitre l’efficacité des mesures.
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