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Afriques: architectures, infrastructures et territoires en devenir

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Beaux-Arts de Paris éditions издание, (2015)

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  • @blerta.axhija

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  • @blerta.axhija
    6 лет назад (последнее обновление6 лет назад)
    A) Le livre dont je vais parler ici, parut en 2015, est co-écrit par quatorze auteurs (géographes, architectes, philosophes, historiens de l’art et de l’architecture, urbanistes, sociologues.) sous la direction de Dominique Rouillard, elle-même architecte, docteur en histoire de l’art, professeure à l’Ensa Paris-Malaquais et directrice du laboratoire LIAT, Laboratoire Infrastructure Architecture Territoire. Ce laboratoire interroge, via cet ouvrage, le développement territorial et les pratiques spatialisées ainsi que l’aménagement et la construction dans ce gigantesque territoire en devenir qu’est l’Afrique. Le livre souligne la pluralité des réalités que contient ce continent en analysant différentes régions, différentes problématiques sous différentes perspectives, autant sur le champ du réel que celui de l’imaginaire figuratif. Pour ces raisons, le titre, Afriques, est donné au pluriel. Comme énoncé plus haut, divers thèmes sont abordés par ces nombreux auteurs. Ces derniers sont classés en deux parties. La première se nomme « Mutations des infrastructures et territoires en mutations » et interroge donc les infrastructures mises en place et leur impact sur les territoires urbains et périurbains. Dans cette partie, un premier texte de Dominique Rouillard, analyse les infrastructures routières mises en place et explique comment elles génèrent une urbanisation dite linéaire, séparant aussi parfois des villages en deux, ou encore entrant en concurrence avec d’autres couloirs comme ceux écologiques empruntés par la faune sauvage. Un second texte de Maria Salerno continue cette problématique en analysant le cas du Mozambique et ses infrastructures ferroviaires. L’impact des infrastructures sont également traitées par Cheikh Biteye, concernant Dakar et son développement se passant d’un plan directeur d’urbanisme. Les conséquences négatives mais aussi l’ambition « réparatrice » des infrastructures sont développées par Zeila Tesoriere dans son analyse du « méga hub » du port de Tanger Med, au Maroc. Elle y développe également le rôle de l’architecture comme instrument pour signaler le port sur la scène mondiale en tant qu’icône. Finalement, Claude Prelorenzo remet en question la nécessité d’implémenter des infrastructures lourdes sur les territoires africains, soutenant que ceux-ci pourraient développer le modèle inédit de la « ville légère » en profitant du saut infrastructurel qui a lieu en Afrique, notamment en ce qui concerne la téléphonie. Enfin, Carlotta Daro développe ce dernier thème en expliquant les projets politiques et les significations idéologiques différentes que sous-tendent respectivement les communications avec ou sans fil. La première partie est close sur une série de photographies où l’on voit comment l’éclairage public fait office de lieu d’étude pour les élèves souhaitant apprendre leurs leçons tard le soir. La deuxième partie de l’ouvrage, nommée « Le progrès des infrastructures » nous parle de l’Afrique et des utopies qui l’entourent, ainsi que sa représentation et ce qu’elle peut nous apprendre. Dans un premier texte, Florian Hertweck et Fanny Lopez expliquent les visions technologiques, énergétiques et utopiques projetées sur le désert du Sahara au travers des projets Atlantropa, Desertec et Megagrid. Dans un second texte, Luca Merlini expose un projet dystopique de la firme Locus Solus, dont le scénario présente la condition de l’Afrique sous forme de séries de cartes/dessins métaphoriques, parlant des thèmes de l’exploitation des ressources, de l’émigration clandestine, des guerres, des fournisseurs d’armes européens, du pillage, des infrastructures ou encore du tourisme et des maladies. Virginie Picon-Lefebvre nous parle ensuite de l’absence des musées africains sur la scène culturelle mondiale en analysant les volontés et les causes derrières ce « silence ». Xuân Son Lê parle ensuite de la création de nouvelles capitales et du choix symbolique crucial que représente le choix du lieu de ces dernières. A l’inverse, Gilles Delalex ne nous parle plus de l’environnement bâti mais de la foule comme élément structurant, aux caractéristiques urbaines qui génère des faits urbains puissant en l’absence d’infrastructures. Can Onaner poursuit ce thème de la foule, mais cette fois comme dispositif de résistance, dans le cas des révoltes ayant eu lieu sur la place Tahrir au Caire, et la place Taksim à Istanbul. Enfin, l’ouvrage se termine sur des photographies de Guy Hersant, commentées par Jac Fol. Ces dernières racontent la vie des handicapés de Lagos, et leur façon de s’approprier les infrastructures routières, pour mendier ou encore pour se mouvoir via des jeux de ballons vécus intensément. B) Au travers de cet ouvrage, l’auteur expose les problématiques liées aux infrastructures et au développement économique qu’elles visent, à tel point que ce dernier semble surpasser tout autre problématique telle que l’organisation politique de la collectivité, son mode de vie, ses modes de sociabilités. Le premier texte du livre, de Dominique Rouillard, illustre parfaitement ce développement urbain généré par les infrastructures. En effet, l’auteure explique que le continent africain est peuplé de projets non pas autour des villes mais autour des transports routiers qui les relie. C’est le phénomène des « couloirs de développement urbain » sensé permettre, pour reprendre les termes de l’auteur, un « décollage économique ». La forme de la ville n’est donc plus représentative de modes de vies et de l’organisation politique de la collectivité, mais est esclave des flux de mobilité et des moyens de transports. Maria Salerno explique d’ailleurs, dans son texte concernant les corridors au Mozambique, que la des villes naissent et s’agrandissent près de ces voies tracées, et qu’elles se développement naturellement parallèlement aux axes de développement. Une fois encore, les besoins du développement économique priment sur la collectivité qu’est sensé générée la planification qualitative d’une ville. D’ailleurs, les constructions architecturales qui font l’objet de projet autour de ces axes de développement sont souvent des hôtels, des centres commerciaux, voire aéroports soient encore une fois tout programme étant susceptible d’accueillir des activités rentables. Ce développement économique cannibalise toute autre logique de développement à tel point que l’administration locale de la ville de Tete dont parle Maria Salerno perd la main face au rythme effréné du développement infrastructurel. Encore une fois, les services publics sont dépassés et relayés au second plan face à la gouvernance du développement économique. Les pays africains rejoignent ainsi la logique de rentabilité capitaliste caractérisant déjà les pays occidentaux. Cependant, en tant qu’étudiante en architecture, je me demande quel est l’avenir de cette profession, sachant que l’architecture est, du moins initialement, un domaine à vocation intrinsèquement collective ? Que peut faire l’architecture ou l’urbanisme, lorsqu’il s’agit d’un territoire qui semble être construit automatiquement par les forces économiques. Quelle position critique doivent adopter les architectes et urbanistes face à ce développement ? Si l’on parcoure le livre à la recherche de descriptions d’œuvres architecturales, on ne trouve rien qui donne l’exemple d’un bâtiment à intention et vocation collective. En effet, outre les évocations de centre commerciaux, d’aéroports les plus impressionnant du monde, ou de grands centres d’affaires, le seul exemple architectural qui y est développé est, paradoxalement, une infrastructure : le nouveau port Tanger Med au Maroc. Par la fabrication de ce port, le Maroc souhaite promouvoir ses capacités financières, sa modernité, son progrès, sa croissance. Pour créer une image mémorable aux yeux du monde, elle use de l’architecture, bien qu’un port ne nécessite habituellement qu’une série d’infrastructures non architecturées. En effet, c’est les Ateliers Jean Nouvel qui se chargeront de la conception de ce port. Leur stratégie consistera en la récupération du vocabulaire vernaculaire marocain et sa retranscription en éléments contemporains afin de donner aux bâtiments une valeur d’icône ou de symbole. Le but est de diffuser des images figuratives des nouvelles infrastructures pour renforcer l’image moderne du pays. Ainsi, une fois encore, l’architecture est réduite à un logo marketing servant la consolidation de la puissance (a-)politique et ses ambitions économiques. Fort heureusement, l’ouvrage ne se contente pas de nous exposer la fatalité du processus économique régissant le développement urbanistique. En effet, il nous fait entrevoir les potentialités que recèle le continent africain, en termes de mode d’habiter et d’urbanisme. Par exemple, Claude Prelonzo, dans son texte « Le saut infrastructurel. Mutations d’infrastructures au Sénégal », nous explique qu’en Afrique, le passage aux infrastructures légères a lieu sans forcément passé par les infrastructures lourdes, plus coûteuses, massives et moins autonomes. Il parle notamment des réseaux de télécommunications et internet sans fils, décentralisés qui ont eu un fort impact sur l’organisation sociétale et les modes de sociabilités. Finalement, Claude Prelonzo suggère que certains pays d’Afrique, comme le Sénégal, ont inventé un nouveau concept d’urbanisme, celui d’une « ville légère » dont il conviendrait d’explorer et de découvrir ses potentiels et sa forme. De plus, ce modèle de ville pourrait être une alternative à celle des infrastructures lourdes, que les organisations internationales jugent à priori indispensables au développement économique, afin de probablement continuer à investir dans leur construction et accroitre la dépendance économique, et donc aussi politique, des pays africains. La « ville légère » est donc un modèle pouvant potentiellement aider au développement des pays africains sans peut être les rendre esclave de la logique économique et infrastructurelle qui semble peser sur son avenir proche. La possibilité de s’émanciper de la logique infrastructurelle est de nouveau suggérée dans le texte « La foule dans les représentations de la ville africaine », écrit par Gilles Delalex. En effet, il y expose brièvement l’étude de Rem Koolhaas et ses étudiants concernant Lagos. Les foules humaines qui se mêlent aux taxis embouteillées, au bâti ou encore au marché y sont décrites comme un urbanisme « élastique, décentralisé et embouteillé », afin d’illustrer comment, en l’absence d’infrastructure, le fonctionnement très primaire d’une foule se met à, au-delà de l’aspect chaotique, adopter un fonctionnement très particulier qui pourrait même être vu comme une forme de modernité qu’atteindront dans un avenir proche ou lointain les métropoles occidentales, lorsqu’elle connaîtront la crise et la décroissance. La foule devient elle-même la ville, se passant des infrastructures, et en acquérant une force critique et politique qui fait tant défaut à la logique de développement économique. Ce phénomène à priori spontané peut être exploré et élevé au rang de modèle, et devenir une alternative, une stratégie de sauvetage, autant des villes africaines et de la direction urbanistique qu’elles semblent aspirer à prendre, que pour les villes occidentales. La capacité de la foule à devenir un structurante et à générer un espace-temps alternatif à celui en vigueur dans un monde régit par les lois capitalistes est d’ailleurs à nouveau évoqué dans le texte au travers du texte « L’atmosphère suspendue des places, retour sur les révoltes de Tahrir et de Taksim » de Can Onaner, où ce dernier souligne la forme de résistance en laquelle consiste une foule mobilisée. C) Comme nous venons de le voir, l’ouvrage Afriques : architectures, infrastructures et territoires en devenir expose clairement et au travers de plusieurs cas d’étude, comment les territoires ainsi que l’architecture sont façonnés par la mise en place de diverses infrastructures, encouragée par la logique de développement économique qui régit l’urbanisation du continent. De plus, et bien que je n’ai pas développé cet aspect au point précédent, l’ouvrage expose précisément la diversité des situations et des régions malgré le fait que la soif de développement semble animer communément la totalité des pays africains évoqués. Aussi, il est fréquemment expliqué que l’urbanisme découlant de ces projets infrastructurels est souvent non planifié et, par conséquent, sera sujet à conflit dans les années à venir. Bien que cette destinée semble fatale, et bien que l’expansion purement économique au détriment des modes de vies et communautés existantes ne soit pas réjouissante, le livre évoque tout de même, comme nous en avons discuté, les potentialités des formes de vies spontanées ayant pris place dans les villes actuelles qui sont encore embouteillées, et qui semblent parfois chaotiques. Ces potentialités sont bien sûr réjouissantes, mais le texte nous laisse sur notre faim, dans la mesure où il évoque de nombreuses fois que les formes réfléchies de ces modes d’urbanisation alternatifs sont encore à trouver, sans aborder les pistes qui sont explorées dans ce sens aujourd’hui (pour autant que des pistes soient effectivement explorées). En effet, il s’agirait de trouver une manière de planifier ce qui semble pour l’instant être spontané, en en conservant les qualités et les potentialités. Cette question pourrait, selon moi, faire l’objet d’un deuxième ouvrage, qui ne se focaliserait pas cette fois sur l’exposé de l’influence du modèle occidental/globalisé dans les métropoles africaines mais sur l’exploration de ce que serait concrètement une métropole africaine, comme une solution alternative aux métropoles occidentales. Etant donné que l’ouvrage a été conçu dans un contexte académique, il est fort souhaitable que cette question soit explorée avec des étudiants d’urbanisme ou d’architecture, afin qu’ils explorent la question en proposant des modèles architecturaux/urbanistiques découlant de leurs observations de villes africaines. Ces derniers pourraient ensuite faire l’objet d’un deuxième ouvrage.
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