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Le defi des villes africaines Vers une accélération de l'urbanisation en Afrique

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(2015)

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    7 years ago (last updated 7 years ago)
    LE DEFI DES VILLES AFRICAINES Vers une accélération de l’urbanisation en Afrique L’auteur, Loïc Batel, est un ancien élève de l’Ecole normale supérieure et de l’Ecole nationale de l’administration française, agrégé et docteur en histoire. Il est actuellement rapporteur à la Cour des Comptes après avoir occupé plusieurs postes au sein de l’Agence française de développement. Parmi les défis que doit relever l’Afrique dans les décennies à venir figure en première ligne, la croissance démographique. En cela s’ajoute les questions d’accès à l’eau potable et de l’assainissement qui deviennent des plus en plus préoccupantes dans les villes africaines. L’insécurité et l’instabilité des villes africaines aussi constituent des freins au développement des villes africaines. Pour pallier à cela, la solution ne proviendra pas d’ailleurs, les africains sont appelés à faire face à ces problèmes par une approche englobante, une approchée intégrée de la ville. La croissance démographique est le défi le plus important que l’Afrique doit relever dans les prochaines décennies. « Au centre de ce défi aux conséquences économiques, environnementales, politiques et développementales majeures, les villes jouent déjà et joueront un rôle essentiel » Paradoxalement, cette transformation des villes africaines, peut représenter une chance pour l’Afrique. Ce processus de rassemblement des hommes pourra générer mécaniquement des gains de productivité substantiels, des opportunités de commerce et donc un certain rythme de croissance économique. Force est de constater malheureusement que la croissance urbaine en Afrique, n’a pas conduit à une amélioration déterminante des conditions de vie. Plusieurs facteurs expliquent cela. Alors que dans la plupart des pays du monde, le secteur agricole est à l’origine des investissements nécessaires à la création d’emplois, mais en Afrique ce secteur est totalement négligé. Malgré que dans plusieurs pays en Afrique, les gouvernements qualifient l’agriculture de priorité des priorités, mais quel est le budget que ces gouvernements allouent au secteur agricole, moins de 3% en prenant l’exemple de la République Démocratique du Congo. En effet, la dépendance des villes vis – à - vis de l’agriculture urbaine et périurbaine est très foret sur un plan économique et logistique. Le premier facteur de fragilité des villes africaines tient paradoxalement aux populations qui la composent. La population urbaine est jeune (20% des Africains avaient en 2012, entre 15 et 24 ans) et surtout sous employée. Le taux de chômage parmi les jeunes en tenant compte du secteur formel est de plus en plus inquiétant. « Malgré le taux de croissance moyenne à 4% en 2013, plus de 70 % des jeunes Africains en moyenne vivraient avec moins de 2 dollars par jour, soit le seuil de définition de la pauvreté ». Le manque ou la fragilité des infrastructures adéquates constitue une ligne de faille d’importance vitale que la croissance urbaine de demain peut transformer en vecteur d’instabilité majeure. La question de l’eau potable et de l’assainissement est aussi centrale. Malgré une disponibilité potentielle en eau évaluée à près de 6.000 m3 par habitant et par an, mais l’Afrique Subsaharienne possède les plus bas taux au monde quant à l’accès à une eau potable en quantité suffisante et de bonne qualité, ainsi qu’à des services d’assainissement adéquats. Il faut signaler aussi les risques que font peser à terme les conséquences du changement climatique sur les cultures – sècheresse, événements extrêmes, les catastrophes naturelles, diminution des terres arables, stress hydrique etc. mais aussi la faible productivité de terres africaines déjà très sollicités par les monocultures pourraient constituer autant de facteurs de tensions dans des villes africaines qui témoignent déjà d’une grande fragilité institutionnelle. « Rassurer la ville, assurer sa stabilité et sa sécurité tout en lui donnant davantage d’unité et de cohérence constituent un autre défi majeur pour l’Afrique urbaine actuelle et à venir ». Une autre faille moins médiatique mais aussi sans doute tout aussi essentielle pour l’appréhender le quotidien des villes africaines, c’est l’insécurité foncière qui constitue un autre frein majeur au développement urbain. Cette situation tient parfois à l’illégalité de l’occupation des terrains eux – mêmes mais également à l’existence de plusieurs administrations parfois concurrentes en charge du foncier. La dualité qui existe entre la coutume et la loi écrite en matière foncière. A l’exemple de la République Démocratique du Congo (RDC) où le code foncier dit que le sol et le sous – sol appartient à l’Etat et de l’autre côté les chefs traditionnels qui se déclarent propriétaires des terres en vertu de la coutume. Une telle situation amène des conflits et actuellement en RDC, 80% des conflits au niveau des cours et tribunaux sont d’origine foncière. En conclusion, « L’Afrique ne pourra relever efficacement aucun des défis que contient cette urbanisation de grande ampleur sans l’adhésion des Africains et la fin de pratiques qui constituent autant de freins au développement ». L’approche la mieux adapté à la complexité du tissus urbain africain, la diversité de ses acteurs, la globalité des problèmes est l’approche englobante, « intégrée » de la ville. Elle suppose en effet une réelle collaboration des différents acteurs, au premier chef desquels les ministères du pouvoir central et les autorités urbaines concernées. Elle nécessite en outre la formation de ces administrations centrales et territoriales, dont les connaissances en matière de gestion financières ou d’aménagement du territoire sont souvent insuffisantes. Elle suppose également l’information et la consultation des populations, autant pour prendre en compte les réalités du terrain que pour s’assurer que les mesures seront comprises et acceptées. Une approche durable du développement urbain commence ainsi par la volonté de quitter d’anciennes habitudes, pour se tourner vers la rationalité.
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