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Quelques rues d'Afrique, Observation et gestion de l'espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott

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(2009)

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  • @aline

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  • @no
    10 years ago
    Quelques rues d’Afrique. Observation et gestion de l’espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott. 1) Contexte, auteurs, propos général. Quelques rues d’Afrique - Observation et gestion de l’espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott a été publié en 2009 aux éditions du LASUR sous la direction de Jérôme Chenal, Yves Pedrazzini, Guéladio Cissé et Vincent Kaufmann. Les compétences variées de ces quatre auteurs apportent une complémentarité qui sert la richesse et la pertinence de l’ouvrage. Jérôme Chenal, architecte et urbanisme docteur EPFL est spécialiste de la ville Africaine. En parallèle de ses recherches au LASUR, portant notamment sur les relations entre mutations sociales et transformations spatiales, il exerce également une activité d’architecte et d’urbaniste en Suisse et en Afrique. Yves Pedrazzini, également docteur EPFL est enseignant et chercheur au LASUR, où il traite des thèmes des dynamiques sociales et cultures urbaines, des pratiques sociales et des phénomènes d’insécurité dans les villes du Nord et du Sud. Il est particulièrement compétent sur les villes d’Amérique Latine et d’Afrique. Guéladio Cissé, docteur EPFL également, est ingénieur sanitaire et épidémiologiste de l’environnement. Ses recherches traitent notamment de problématiques urbaines sur l’environnement et la santé. Vincent Kaufmann, docteur EPFL et directeur du LASUR, est professeur de sociologie urbaine et est spécialisé dans les questions des diverses formes de mobilités qui traversent et constituent la ville et les territoires de l’urbain. L’ouvrages se veut inter-, trans- et multi- disciplinaire et est à ce titre support d’une plus large collaboration avec divers acteurs de Suisse et d’Afrique, notamment Isakha Diagana, Moussa Diop, Moussa Keita, El Hadji Mamadou Ndiaye, Mamadou Ndiaye, Benoît Vollmer et Cheikh Samba Wade. L’objectif principal de l’ouvrage est de proposer une vision novatrice de la ville Africaine au travers de problématique sociologiques principalement, avec des parallèles historiques, culturels, politiques et économiques. Pour ce faire, l’axe principal d’étude est l’espace public, notamment comme support des interactions sociales. L’ouvrage traite d’abord, selon différentes approches, des trois villes citées en titre. Dans une seconde partie, l’ouvrage traite d’une méthode d’analyse urbaine qu’est l’anthropologie visuelle. 2) Discussion Tout d’abord nous allons traiter la manière d’aborder l’analyse des trois villes : Abidjan, Dakar, et Nouakchott. Dans chaque cas, les auteurs situent le lecteur grâce à l’explication d’un contexte historique, culturel, économique et social et d’une situation actuelle de chaque ville. Avec comme axe d’analyse l’espace public comme support des interactions sociales, cela permet de dégager les grands enjeux de chaque ville selon un nouveau point de vue, plus centré sur l’individu, l’usager, au lieu d’un point de vue de planificateur (que l’on trouve habituellement dans ce type d’ouvrage). Chaque cas est précisé à travers l’analyse d’un lieu marquant, puis par des portraits d’usagers, ce qui ancre le lecteur dans l’expérience de la ville. Au delà de cela, cette analyse permet de dégager des thèmes récurrents, utiles et pertinents pour aborder la question de la planification, notamment la présence récurrente d’un plan de base de l’époque coloniale, l’importance du commerce informel et les acteurs impliqués. Par ailleurs, en plus de proposer un axe d’analyse novateur, l’ouvrage présente une méthode d’analyse photographie novatrice : l’anthropologie visuelle. Si l’on exclut la subjectivité impliquée par le cadrage, cette nouvelle méthode permet d’analyser de manière objective et riche les pratiques, dynamiques, enjeux et problèmes liés à un espace public, notamment car elle permet de prendre en compte la dimension temporelle et analyser l’occupation, l’appropriation et l’utilisation d’un lieu public au cours d’une journée par exemple. Elle permet de plus de faire le lien entre formes urbaines et utilisation effective. 3) Conclusions Cet ouvrage, nous l’avons vu, propose une vision et une analyse novatrices de la ville africaine. C’est un point de vue qui permet de tirer des leçons pour une juste planification. La méthode de recherche permet de bien apprendre à identifier les liens entre espace urbain et pratiques, entre architecture et modes de vie. De mon point de vue, cet ouvrage qui se prétend être destiné à un large public, est organisé de manière assez peu intelligible au premier abord. La mise en page et le graphisme rendent la lecture assez désagréable, surtout lorsqu’on le lit de manière linéaire. Cet ouvrage est pour moi propice à être utilisé comme outil de recherche et de planification, à la fois par son contenu mais surtout par les techniques d’analyse urbaine qu’il développe. Bibliographie : Chenal Jérôme, Pedrazzini Yves, Cissé Guéladio, Kaufmann Vincent. Quelques rues d'Afrique. Observation et gestion de l'espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott. Editions du LASUR.
  • @cmachado
    10 years ago
    Cet ouvrage rassemble de multiples auteurs spécialisés chacun dans des domaines très variés, tels que l’architecture, l’urbanisme, l’ingénierie sanitaire et l’épidémiologiste de l’environnement, la géographie, l’éducation spécialisée, la sociologie urbaine et finalement la photographie. Cette interdisciplinarité permet une recherche dans l’analyse des villes africaines complète, du point de vue spatial mais aussi sociale « de manière à ce que des regards critiques croisés permettent de ne laisser que peu d’angles morts » (p.22). De plus, le contexte de base de cet ouvrage est une collaboration, entre des institutions partenaires suisses et africaines. L’objectif général de cette recherche est d’analyser le lien entre le processus d’urbanisation, les mutations de l’espace public et les modes de gestion urbaine. Afin de résumer le livre, nous pouvons distinguer deux parties principales. La première, débute par une recherche générale des espaces publics africains, puis se concentre sur trois villes spécifiques qui sont Nouakchott la ville nouvelle, Dakar la ville double et Abidjan la métropole. Ces dernières sont décrites successivement à travers leur contexte historique, géographique, les problèmes rencontrés mais aussi les réponses proposées. Cependant, les auteurs utilisent des points de vue différents pour leur analyse, soit à travers la presse, les acteurs ou la gestion de l’espace public. Ensuite, un lieu public spécifique comme lieu d’étude est mis en avant pour chaque ville: le marché SOCOGIM à Nouakchott, la gare routière à Dakar et la rue à Abidjan. Cette première partie se conclu par des portraits d’usagers. La seconde partie du livre, développe une nouvelle méthode d’analyse, l’anthropologie visuelle, qui consiste à prendre une série d’image de manière méthodique afin de permettre une réelle analyse socio-spatiale de l’espace public. Cette méthode est ensuite appliquée aux villes sélectionnées au-dessus. Finalement, avant le début de cette recherche, les auteurs décident de mettre de côté certaines idées telles que de « voir la rue comme une des expressions de la ville du passé » (p. 7) et « l’opposition entre les villes du Nord et du Sud » (p. 8), afin de permettre d’envisager de nouvelles conception de l’urbanisme. *********************************************************************************************************** L’un des thèmes récurrent dans le raisonnement des auteurs est celui du commerce informel, qui est présent dans l’analyse des trois villes mais également à travers la méthode anthropologique visuelle comparative. Dans le marché SOCOGIM, on constate que le poids de l’économie informelle est prépondérant (« jusqu’à 65% des emplois et le tiers des revenus distribués aux actifs » (p.50)). Cette contamination de l’informel rend les rues, les couloirs et le passage du marché plus étroit, ce qui complique l’accès à certaines zone du marché. Mais cependant, le point positif dans ces implantations est qu’elles permettent de compléter l’inventaire de boutique dans le marché, rendant cet espace plus attrayant. De plus, grâce à la méthode visuelle développée, on peut également constaté une des conséquences de l’informel qui est la privatisation de la rue. Ces appropriations de l’espace public est de deux types : temporaires ou permanentes. Toutefois, des avantages sont à nouveau identifiables, car l’investissement privé notamment l’entretien, dans certains cas, est perçu comme une plus-value pour le domaine public. Dans l’étude de la gare routière de Dakar, on voit également que les commerçants informels « jouent un rôle important dans l’animation de la gare » (p.87). Nous retrouvons donc l’informalité dans plusieurs enjeux de la ville, avec ses désavantages, tel que le développement de système de type mafieux où le commerçant paie pour rester en place et en cas de non paiement le bulldozer passe pour détruire le stand, mais aussi finalement ses avantages comme vus précédemment. Le défi étant de trouver un moyen de réduire les problèmes d’illégalité tout en gardant les plus-values de ce type d’urbanisation ou d’économie. Un autre point de raisonnement développé par les auteurs qui est intéressant est celui de l’espace public, plus précisément la gare routière, vu comme « révélateurs de dynamiques urbaines » (p.91). C’est-à-dire, que la gestion d’un espace public « est un indicateur pertinent de mesure de l’efficacité des politiques d’aménagement urbain et des interrelations entre les projets de développement urbain et les innovations dans le système de production de richesses des populations ». De plus, dans la démarche de recherche-action, qui consiste à allier les connaissances théoriques avec la réalité du terrain, on constate l’importance du « pluralisme fonctionnel » (p.95) des espaces publiques. Notamment dans la ville de Dakar, dans un contexte de déficit d’infrastructures de l’Etat, l’espace publique donne lieu à des substitutions ou des requalifications par les populations selon leurs besoins, comme première nécessité. Pour conclure avec le développement des thèmes abordés dans le livre, je voudrais mettre l’accent sur une des méthodes d’analyse utilisée dans le chapitre “lire la presse et comprendre la rue à Abidjan“, c’est-à-dire « la presse comme révélateur des enjeux de l’espace public » (p.130). Des enjeux tels que le contrôle de la violence, l’environnement fragile, les déplacements difficiles en transport public/piétons/taxis, ainsi que l’occupation et la gestion de la ville par le grignotage ou l’occupation illégale mais encore la rue comme un espace de protestation, sont des informations que l’on peut soutirer dans les textes de presse. Toutefois, cette démarche peut parfois être trompeuse, les textes doivent être lu avec précaution, car l’un de leur objectif principal est de faire du sensationnel pour mieux vendre. En réalité, les éléments importants de la rue se lisent de manière transversale, de manière filigrane dans ces journaux. *********************************************************************************************************** En guise de conclusion, cette lecture permet de mettre en avant l’importance de l’étude des espaces publics, car ils sont des révélateurs non seulement spatiaux mais également sociaux. En effet, cet espace possède cinq dimensions fondamentales qui caractérisent une ville, il est un lieu de sociabilité, d’identité, de marché, de citoyenneté, d’accessibilité, en d’autres termes, il est le diagnostic de l’état de santé d’une ville. Les méthodes et démarches présentées dans cet ouvrage forment une base correcte pour l’appréhension et la compréhension des villes africaines. Notamment, la méthode anthropologique visuelle, qui est efficace afin de regrouper des informations de manière méthodique et exploitable à l’infini. Cependant, la combinaison avec d’autres recherches ou analyses est indispensable afin d’avoir un plan global de la situation. La force de cet ouvrage réside dans cette combinaison, qui est possible par la mise en place de cette pluridisciplinarité. Malheureusement, la lecture est rendue difficile par la multiplicité des intervenants. En effet, les chapitres sont séparés par auteurs et non pas vraiment de lien entre eux.
  • @manonmuller
    10 years ago
    1). Les 4 principaux auteurs du livre « Quelques rues d’Afrique. Observation et gestion de l'espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott » proviennent d’horizons assez différents, ce qui permet d’apporter différents points de vue sur le même thème regroupés dans ce livre. Jerôme Chenal est architecte et urbaniste diplômé de l’EPFL. Il se spécialie dans le domaine des villes d’Afrique lors de son doctorat portant sur les villes d’Afrique de l’Ouest. Vincent Kaufmann est professeur de sociologie urbaine à l’EPFL et spécialiste du domaine de la mobilité traversant et constituant la ville. Guéladio Cissé, ingénieur sanitaire et épidémiologiste de l’environnement, s’occupe des divers problèmes sanitaires dans le habitats urbains défavorisés des pays en développement. Finalement Yves Pedrazzini est chercheur et enseignant à l’EPFL ; il s’occupe principalement des dynamiques, cultures urbaines et pratiques sociales de pays du Sud. Leur objectif commun est avant tout d’apporter une nouvelle vision des villes africaines qu’ils proposent d’étudier, et ce par le biais d’une analyse photographique. A travers 3 exemples de villes, ils proposent une approche générale puis plus spécifiques des grands thèmes et problématiques se développant dans les villes africaines. 2). Le livre peut ensuite être divisé en 2 grandes parties : La première propose de traiter 3 ville en particulier : Nouakchott, Dakar, et Abidjan. Chacun des chapitres commence de la même facon, avec une introduction assez générale traitant de différents thèmes tels que l’histoire, le développement de la ville, la mobilité dans la ville ou encore les problématiques propres à celle-ci. Les auteurs proposent ensuite l’approfondissement d’un thème propre à chacune. La 2ème grande partie est consacrée à l’analyse visuelle de ces mêmes villes à travers des photographies. Cette même partie se sub-divise en plusieurs sous-parties. Une première partie propose des portraits d’usagers des villes : 4 hommes et 3 femmes. Chacun se présente, et raconte les aléas de leurs vie en Afrique. La plupart sont en situation délicate avec les autorités, et ont souvent des problèmes avec la police de part leurs situation de mendiants ou leurs problèmes d’argent. La 2ème partie de ce chapitre propose ensuite d’exposer la méthode d’analyse choisie : l’anthropologie visuelle. Cette méthode se veut nouvelle et novatrice. Les auteurs expliquent le côté plus « technique » de leur méthode, par exemple le choix des villes, des angles de vues, des prises photographique, etc. Une 3ème partie applique ensuite cette méthode de recenssement photographique aux 3 villes précédemment analysées, à savoir Nouakchott, Dakar et Abidjan. De ces photographies, les auteurs tirent des analyses pointues sur les mouvements des citoyens, les rapports hommes-femmes dans ces villes, ainsi que les problèmes liés à la mobilité, aux déchets ou encore au manque de végétation. 3). La plus grande critique que je ferai à ce livre est la façon assez chaotique dont s’organisent les « chapitres » et parties. En effet il faut au lecteur beaucoup de temps pour comprendre par ou commencer le livre, et pour pouvoir décortiquer sa lecture en chapitre. De plus, le graphisme mis en place à l’intérieur du livre pour les pages de « titre » et des chapitres sont difficilement lisible, et on peine à trouver une logique d’organisation interne. Ce livre est à prendre un peu pièce par pièce, en gardant en tête que le thème choisi est probablement tout aussi difficile à organiser que le livre qui en découle. Toutefois, l’approche nouvelle par la photograhpie amène des idées intéressantes. L’observation visuelle des acteurs de la villes plonge le lecteurs dans le lieu et permet de comprendre la situation de ces villes.
  • @ebouille
    10 years ago (last updated 10 years ago)
    "Quelques rues d’Afrique. Observation et gestion de l’espace public à Abidjan, Dakar et Nouakchott" est le résultat d’un travail collaboratif. Jérôme Chenal, architecte et urbaniste, Yves Pedrazzini, enseignant chercheur et Guéladio Cissé, ingénieur sanitaire et épidémiologiste de l’environnement, sont trois Docteurs ès Sciences de l’EPFL. Vincent Kaufmann est professeur de sociologie urbaine dans cette même école. Ils sont les quatre auteurs de cet ouvrage publié en 2009 aux éditions du LASUR. Ici, l’étude de cas est utilisée comme approche, et ce sont trois villes ouest-africaine et leurs rues qui sont mises à nue. Ces rues sont le théâtre d’un quotidien qu’on connait peu et mal, décortiqué pour comprendre quelles sont les interactions sociales et spatiales qui s’y sont établies. Pour comprendre ce livre, nous allons commencer par regarder quelles sont les dualités de l’espace public. Ensuite, nous verrons que celui-ci est en perpétuelle mouvance. Enfin, nous regarderons comment la photographie, outil pilier de cette étude, est utilisée. I/ L’espace public, une entité plurielle Pour retranscrire la pluralité de l’espace public africain, on regarde celui-ci au travers de différents prismes. L’histoire, l’habitant, l’usager, la presse… On arrive ainsi à avoir une image complète, voulue la plus juste possible, pour parvenir à une définition de la ville africaine. Une Afrique alter-moderne, donc d’une autre modernité. Car en effet, la ville africaine c’est le croisement entre la ville occidentale imposée et les pratiques autochtones. Elle est historiquement inspirée de l’Europe mais prend depuis quelques décennies son propre chemin. Dans les trois études de cas, l'espace public est autre chose qu'un support matériel: c'est aussi l'espace du commerce et du développement économique, l'espace de la protestation ou encore l'espace de la violence. La direction inconnue, car nouvelle, que prennent ces villes a besoin d’encadrement, mais pour que celui-ci soit approprié il faut d’abord comprendre la ville et ses habitants, et donc observer. C’est cela qui a été réalisé et qui donne les bases essentielles pour prendre les décisions qui offriront aux africains la ville telle qu’ils la conçoivent. II/ Un espace en perpétuelle mouvance A l’heure de la mondialisation, l’importance des villes est grandissante et leurs enjeux sont modifiés. Avec une population urbaine exponentielle mais des réponses trop lentes, quand il y en a, les habitants s’adaptent eux-mêmes au contexte évolutif de leurs espaces. Cet ouvrage fournit différents éléments d’analyse dans le but de comprendre de manière objective ce qu’est l’espace public en Afrique et de constater sa place prépondérante dans le quotidien de la majeure partie de la population. On comprend donc d’emblée que les usagers n’empruntent pas la rue : ils se l’approprient. Pourtant lors de sa conception, la rue est pensée comme un lieu de passage, pour son aspect matériel. Ce sont donc les usagers qui définissent ce que devient la rue, et en faisant cela, la modifient. Plus l’espace est modifié, plus les comportements des usagers s’adaptent et évoluent, et plus ils transfigurent l’espace. Ainsi, celui-ci n’est pas figé, il est en perpétuelle évolution. Une forme d’urbanisme participatif informel, qui devient ici la règle. L’immersion des auteurs est remarquable et permet ce niveau d’analyse dans un contexte extrêmement complexe. On peut cependant regretter un manque de fluidité dans la lecture, et les transitions entre les différents chapitres, dont la logique nous échappe. Cependant, on peut considérer que nous avons ici en main les morceaux d’un puzzle complexe, que nous pouvons placer à notre guise. III/ L’utilisation de la photographie La place de l’image prend toute son importance dans cet ouvrage, puisqu’elle est utilisée comme outil d’analyse par les auteurs. L’objectif est de montrer les influences réciproques qu’ont les pratiques sociales et le cadre bâti, une analyse socio-spatiale qui nous permet également de constater visuellement ce qu’est la rue dans ces villes d’Afrique. Les données tirées de cette méthode empirique donnent des informations intéressantes, sur l’influence du climat par exemple, mais les chiffres qui en sont tirés sont discutables. En effet, les échantillons sont faibles et donc peu représentatifs. Appelée « anthropologie visuelle », cette analyse par l’image propose à notre œil une autre idée de la ville. L’ordonnancement romain et son équilibre auquel nous avons l’habitude est ici chamboulé : où sont l’ordre, l’harmonie et l’unité ? C’est ainsi que l’on peut regretter le manque de légendes et de commentaire sur les images, en particulier pour les non-initiés des villes africaines : Où cette photo a-t-elle été prise ? Quel élément cette photo nous montre-t-elle ? Cela est d’autant plus vrai que le portfolio se situe en première partie de l’ouvrage, avant toute analyse, et se regarde de manière un peu naïve tel le touriste fraîchement débarqué de l’aéroport. Les témoignages, très esthétiques, apportent la plus-value finale. La méthodologie est pointilleuse, les cadrages et le timing sont précis, et l’image est voulue neutre. La scientificité de la méthode s’arrête où le libre arbitre du photographe commence. Car, même si on comprend le bon vouloir de celui-ci dans son immersion, son objectif est dirigé par sa subjectivité. CONCLUSION En pointant leur objectif sur trois villes d’Afrique de l’Ouest, les auteurs construisent une analyse de l’espace public au travers de ses usagers, des hommes et des femmes, qui en sont les acteurs principaux. Passant d’une approche macroscopique, la mise au point est faite sur le quartier, la rue. Grâce aux exemples de Nouakchott, Dakar et Abidjan, à leurs singularités et leur points communs, un profil de la ville ouest-africaine émane : la ville alter-moderne. Mais au-delà de la photographie en tant qu’image, l’analyse est un état des lieux, un diagnostic comme celui qu’un médecin ferait de son patient. L’approche visuelle, très pédagogique, est mal intégrée au reste de l’ouvrage, et les légendes font défaut. Mais cet outil est un complément innovant à ces recherches, il en fait l’essence et la richesse. Au final, on arrive à mettre en perspective notre rapport à la ville, bien différent de celui des hommes et des femmes rencontrés. Car pour eux la rue n’est pas un lieu de passage mais un lieu de vie. Vivre dans la rue et de la rue.
  • @aline
    11 years ago
    Cet ouvrage, édité en 2009, est un travail collectif. Jérôme Chenal, docteur ès Sciences de l’EPLF architecte et urbaniste, Guéladio Cissé également docteur ès Sciences de l’EPLF ingénieur sanitaire et épidémiologiste de l’environnement, Yves Pedrazzini, docteur ès Sciences de l’EPLF et enseignant chercheur au sein de ce même établissement et Vincent Kaufmann professeur de sociologie urbaine à l’EPLF en sont les principaux auteurs. D’autres professionnels aux spécialités diverses (géographe, photographe, éducateur spécialisé, sociologue…) ont également contribué à la rédaction de cet ouvrage. Quelques rues d’Afrique, ouvrage largement illustré, traite de l’espace public en prenant pour sujet central l’humain. L’usager, l’habitant, le piéton est le sujet d’études au centre de la démarche. « La rue, espace matériel et immatériel, se livre comme révélateur de rapports sociaux entre hommes et femmes, entre riches et pauvres, jeunes et vieux, mais aussi comme révélateur de rapports de pouvoirs à travers les manifestations qui s’y déroulent, les interdits qui la caractérisent, les empêchements et les contournements ». 3 villes, Abidjan, Nouakchott et Dakar, et des exemples précis dans chacune d’elles illustrent ces propos et permettent de mettre en évidence les points communs mais surtout les particularités propres à chacune d’elles (et par extension propre à chaque ville africaine). Nous nous arrêterons sur 2 chapitres précis. L’un traitant d’une méthode nommée anthropologie visuelle, largement développée (en théorique et en pratique) dans cet ouvrage. Et l’autre intitulé « portraits d’usagers », présentant 7 usagers de la rue de Nouakchott. La rue, la photographie, l’observation et l’anthropologie visuelle : tentative de description d’une méthode L’anthropologie visuelle est une thématique largement abordée dans cet ouvrage. Présentée comme une nouvelle manière d’appréhender les espaces publics elle cherche à analyser les liens entre spécialité et pratiques d’usagers de la rue. Cette méthode cherche à expliquer comment le spatial et le social produisent la ville. Un chapitre est consacré à la description de cette technique et son protocole, permettant d’obtenir de la matière en vue d’une analyse. Le choix des villes, des cadrages, la durée et les moments des prises de vues et les objectifs de cette méthode sont largement expliqués. Le « mode d’emploi » (6 types de séries d’images permettant d’effectuer un zoom allant de la ville au passant), les objectifs, les champs de recherche couverts et les ouvertures vers d’autres disciplines sont clairement détaillés. Cette méthode a de multiples avantages, elle peut servir un large champ de disciplines (architecture, urbanisme, sociologie…). Lorsqu’elle est pratiquée avec rigueur elle peut permettre une analyse de lieux par des personnes n’ayant jamais mis les pieds dans ces villes. Les informations sont tellement larges et précises qu’elle permet une immersion totale. Elle permet également de garder une trace dans le temps (d’autant plus riches si les clichés sont accompagnés de renseignements (tels que l’endroit exact, le contexte…) complémentaires. Mais ce procédé peut poser quelques questions, son objectivité n’est elle pas faussée par sa simple pratique ? Nous connaissons la difficulté de la prise de photos en Afrique de l’Ouest (croyances, appréhensions…), ainsi nous pouvons nous demander si les usagers ont exactement la même pratique de la ville lorsqu’ils sont face, ou non, à un appareil photo. Une discussion entre 2 personnes qui a duré quelques minutes n’aurait-elle pas duré plus longtemps sans la vue de cet appareil ? Si cette méthode peut être objective à l’échelle de la ville peut elle l’être encore à l’échelle du piéton ? Le chapitre suivant est consacré à la mise en pratique de cette technique. 3 séries de photos intitulées « une journée dans la vie d’une ville » (un des 6 types de séries d’images possibles) réalisées à Nouakchott, Dakar et Abidjan sont analysées. Prises sur une journée ces séries de photos permettent de se rendre compte de l’architecture, de la forme urbaine, de la circulation, des relations entre les gens et bien d’autres choses encore dans chacune de ces 3 rues de ces villes. Si ces séries de photos permettent de tirer un très grand nombre d’informations nous pouvons nous demander si ces renseignements n’auraient pas été différents si ces photos avaient été prises à une autre période de l’année ? Les rues de Dakar sont elles occupées de la même manière pendant l’hivernage que pendant la période fraiche ? Les événements religieux (comme le Ramadan) ont-ils un impact sur la pratique de la rue ? Le facteur « temps » (météo et instant « t ») peut avoir une influence non négligeable sur ces informations récoltées. Portraits d’usagers Ce chapitre présente différents usagers des rues de Nouakchott (l’usager étant le spectre le plus serré des 6 niveaux de lectures possibles évoqués ci-dessus). Ces derniers se décrivent eux même (en français ou via un traducteur). Chaque description est accompagnée d’une photographie : un portrait au cadre très serré ne laissant pas (ou très peu) de place à la ville et à la rue, l’essentiel de l’image est consacré à cet usager. Ces portraits sont ceux d’hommes (4) et de femmes, (3) d’âges différents. Enfant, adolescent, jeunes hommes, jeunes femmes et femme plus âgée sont représentés. En revanches les catégories sociales sont semblables ou presque. Seuls des mendiants ou des vendeurs (de tissus, de thé…) sont représentés. Si l’on comprend bien que ces personnes vivent la ville tout au long de la journée on aurait aimé avoir également le témoignage de personnes plus fortunées (les clients de ces vendeurs par exemple) la pratiquant peut etre moins longtemps mais la pratiquant malgré tout. Conclusion Cet ouvrage permet de découvrir une façon de lire et comprendre la ville originale et innovante mêlant plusieurs disciplines (architecture, sociologie, urbanisme…) et une méthode principale, la photographie. Cette pluridisciplinarité est accentuée par les différents niveaux de lectures de la ville (de la ville à l’usager), les sujets traités (la ville de Nouakchott de son origine à nos jours, la gestion de la principale gare routière de Dakar…) et les moyens utilisés pour illustrer ces propos (photographie bien sure, mais également témoignages, diagrammes, cartes, plans…). S’il est question d’économie au long de cet ouvrage c’est au travers des marchés, des espaces d’échanges et de commerces. L’économie vue comme un choix politique, un curseur permettant de prendre des décisions ayant telle ou telle conséquence est évoqué en conclusion de l’ouvrage. Il est également question des conséquences économiques de villes africaines qui aspiraient à un mimétisme (pas forcement enviable ni judicieux) des villes occidentales. Chaque ville africaine doit avoir sa propre identité, ses propres critères et ses propres moyens pour la réaliser. Enfin, cet ouvrage donne envie de voir la ville, au sens propre du terme. Un ouvrage comme Dakar Émoi, œuvre collective, éditions Vives voix peut être une occasion de lire la ville à travers des images (bien que les critères et techniques de prises de vue soient différents de ceux de la méthode vue précédemment).
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