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L'AFD et les équipements urbains marchands, 30 ans de projets de réhabilitation de marchés en Afrique

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(2015)

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    9 years ago (last updated 9 years ago)
    « L’AFD et les équipements urbains marchands, 30 ans de projets de réhabilitation de marchés en Afrique » est un ouvrage publié en avril 2015 par l’Agence Française de Développement. Il porte pour objectif de capitaliser sur 25 expériences de projets de réhabilitation de marchés, sur une période de 30 ans et dans 13 pays, majoritairement situés en Afrique subsaharienne. Les auteurs de cet ouvrage sont Gaëlle Henry, chef de projet Collectivités locales et développement urbain à l’AFD et François Poisbeau, consultant indépendant missionné par l’Agence Française de Développement sur ce projet. Ils ont été appuyés de différentes personnes, au sein notamment des départements Macroéconomie et Collectivités locales et développement urbain de l’AFD. Les auteurs partent du constat observé que « la majorité des objectifs assignés à la réhabilitation des marchés n’ont pu être tenus qu’à court terme ». Ainsi, l’ouvrage est divisé en deux grandes parties : la première qui évoque les projets financés par l’AFD entre 1984 et 2014, depuis le premier projet qui a concerné le marché central de Niamey au Niger jusqu’aux derniers projets octroyés en 2007 au Bénin et en 2009 en Tunisie, et la seconde qui aborde des recommandations en 10 grandes étapes pour les interventions sur les marchés. (i) Pourquoi intervenir sur les marchés en Afrique, (ii) quels grands principes ont été suivis ? (iii) Quelles recommandations critiques répondant au besoin de « mieux faire » ? Entre 1950 et 1980, la croissance annuelle de la population en Afrique subsaharienne frôle les 5%1. Suivant ce constat, les principaux bailleurs de fonds, et en premier lieu la Banque mondiale, ont investi les villes, qui connaissent une croissance similaire. Cela se traduit par un soutien à de grands projets d’infrastructures, lesquels reposent sur deux règles d’or financières que les bailleurs de fonds se sont imposées : (i) la neutralité financière de l’opération pour l’Etat et (ii) l’équilibre financier pérenne de la structure gestionnaire du marché. Les marchés remplissent plusieurs fonctions, parmi lesquelles celle de centraliser le dynamisme économique de de générer des recettes locales. Ce sont des pôles d’emplois moteurs dans la structuration de l’espace urbain, où ont lieu non seulement des échanges économiques, mais également des échanges sociaux. Ils s’agit donc d’espaces vitaux pour l’organisation urbaine des villes, espaces qui doivent faire face à plusieurs dysfonctionnements qui concernent les 3 acteurs parties prenantes : (i) les commerçants, qui font face à une sur-occupation de l’espace de vente intérieur et qui luttent pour leur positionnement, (ii) les visiteurs et les commerçants qui ont des difficultés pour accéder aux différents stands, dû à l’encombrement général, causant des problèmes pour la sécurité des biens et des personnes en cas d’évacuation rapide (incendies notamment) ainsi que des problèmes d’hygiène, et (iii) les pouvoirs publics qui gèrent avec difficulté le recouvrement des taxes d’occupation des sols. Les auteurs précisent alors que ces dysfonctionnements trouvent en partie leur origine dans une incapacité à répondre efficacement aux besoins d’une population urbaine en rapide augmentation. Pour l’ensemble de ces raisons, la réhabilitation des marchés est considérée par les bailleurs de fonds comme un véritable axe de développement pour structurer et encadrer au mieux le développement des villes. Sur la période considérée de 30 ans, l’AFD a mené 25 projets de réhabilitation de marchés, dont 22 projets en Afrique subsaharienne (y compris Madagascar). Les projets ont concerné soit (i) une réhabilitation ou une construction d’un équipement, soit (ii) un appui à l’amélioration de l’armature commerciale de cet équipement. La plus grande proportion des projets ont été menés dans 4 pays : le Bénin (7), le Burkina-Faso (4), le Niger (3) et le Mali (2) et la plupart des instructions de projets se sont déroulées durant les années 1990, avec un seul rebond constaté en 2003 où 3 projets ont vu leur financement octroyé. En termes de montant financé, les sommes engagées ont varié de 1 à 26, passant de 460 000 euros pour les marchés de Parakou au Bénin et de Bonoua en Côte d’Ivoire à presque 13 millions d’euros pour le marché central de Ouagadougou au Burkina-Faso. 10 projets, soit moins de la moitié du total, ont été cofinancés. Lorsque cela a été le cas, ils l’ont été en grande majorité par l’Etat dans lequel le financement a été octroyé ou par les collectivités locales directement (7 projets). Les auteurs notent que l’ensemble des outils de financement peut être mobilisé pour ce type d’opération (prêts souverains, non-souverains ou subventions). Ils précisent qu’il est nécessaire de « déconnecter l’amortissement d’un prêt de la rentabilité des équipements réhabilités ou construits ». L’AFD est donc tout à fait consciente, et ce dès les premiers financements octroyés, des rôles multiples que les marchés endossent et de leur potentiel élevé de structuration d’un milieu urbain en rapide mutation, à l’instar des villes africaines C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a mis en exergue 4 grands principes dans son intervention : la réhabilitation des équipements générateurs de recettes (abattoirs, gares routières et marchés), la maximisation de l’impact social du projet par la sollicitation d’entreprises locales et par la mobilisation d’une main d’œuvre nombreuse, l’implication des acteurs locaux et l’amélioration des capacités de maîtrise d’ouvrage des collectivités locales. Les auteurs proposent 10 recommandations à suivre pour maximiser les chances de réussite d’un projet de développement impliquant la réhabilitation d’un marché. Ces recommandations concernent plusieurs pans du projet, parmi lesquelles la phase d’identification des besoins (4 recommandations) et l’implication de la société locale, de ses représentants et parties prenantes dans la gestion du projet (4 recommandations). De manière générale, les lecteurs retiendront que les auteurs plaident pour (i) une mobilisation toujours plus importante des acteurs locaux, tant en amont qu’en aval du projet, et en les invitant à y contribuer financièrement, (ii) une adaptation des règlements utilisés pour la mise aux normes de l’équipement aux capacités de paiement des commerçants, (iii) une adaptation fine des projets aux contextes locaux. L’expérience acquise dans les autres régions ne devraient alors être sollicités qu’à la marge, et les maîtrises d’œuvres devraient adapter le plus possible les projets à leur contexte local. Enfin, (iv) les projets devraient être adaptables et souples pour pouvoir faire face à l’évolution rapide de la taille des agglomérations ainsi que des besoins des urbains. Sans cela, ces projets ne pourront pas s’avérer pérennes préviennent les auteurs. Pouvoir capitaliser sur 30 ans d’expérience de projets de réhabilitation des marchés en Afrique est une opportunité extraordinaire tant pour les acteurs urbains que les acteurs du développement et les bailleurs de fonds. C’est ce que propose ici cet ouvrage d’évaluation des projets de développement financés en partie ou entièrement par l’Agence Française de Développement. Il s’agit même d’une opportunité doublée d’une chance de pouvoir, au sein de certaines institutions, transmettre la mémoire sur ces nombreux projets au bénéfice d’une nouvelle génération d’acteurs œuvrant pour de nouveaux projets de développement urbain. Selon moi, 3 questions peuvent être soulevées suite à la lecture de l’ouvrage. (i) Les auteurs recommandent de localiser au maximum les projets dès l’identification des besoins. Il n’est en effet pas de solution globale, applicable en tout lieu et en tout temps, de manière non distinguée. Mais que faire lorsque l’ensemble des informations dont la collecte est nécessaire n’est pas disponible ? Ou est obsolète ? Doit-on décaler dans le temps la mise en œuvre du projet alors même que sa réalisation est généralement souhaitée depuis plusieurs années déjà ? Ou doit-on recréer ces données dans le cadre du projet, alourdissant alors la ligne budgétaire dédiée à ces seules études, au détriment du projet en lui-même ? Quid de l’actualisation de ces bases de données une fois le projet achevé ? (ii) Si les auteurs pointent en avant le besoin d’améliorer le dialogue avec les acteurs et autorités locaux, et ce pour toutes les phases du projet, il faut noter que cela dépend également de la capacité de ces mêmes acteurs locaux d’accompagner le projet sur le long terme et pose le besoin de renforcement des capacités de ces acteurs et de leur accompagnement sur la durée de vie du projet. (iii) Enfin, les auteurs ont remarqué que les autorités publiques mettaient parfois en péril l’équilibre financier des marchés en négociant par exemple à la baisse des loyers pour les commerçants et s’attirer ainsi leur vote. La question de l’indépendance – au politique en particulier - des structures gestionnaires des marchés doit d’avantage être mise au premier plan pour assurer la viabilité sur le long terme du marché, ce qui n’est pas toujours le cas actuellement. 1 World Urbanization Prospect – The 2011 Revision.
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