Au-delà des monographies présentées, l’ouvrage, divisé en quatre parties, restitue différentes approches (économique, urbaine, sociale, politique) et manière d’appréhender les systèmes relationnels d’imbrication des échelles, des acteurs, des pouvoirs et des territoires en Afrique.
La première partie « Gangues rurales et environnements frontaliers : Dynamique des semis-urbains », compte trois articles et traite, à travers l’exemple de la Tanzanie et du Ghana, de l’origine de la croissance de ces villes, tantôt à partir d’une localité agricole dynamique et tantôt à partir de l’effet entrainant des grandes métropoles. Or, la dépendance des petites villes vis-à-vis de l’extérieur se poursuit tout au long du processus de leur évolution et pas seulement à l’origine de leur croissance
La deuxième partie « Développements communaux : vitalité et limites », analyse les modes et rythmes d’urbanisation à travers l’exemple du Togo, le Sénégal et le Mali. En l’occurrence, certaines villes du Sénégal ont connu une urbanisation relativement accélérée en l’espace de 12 ans, entre 1976 et 1988. La disparité de ce taux entre Dakar (96%) et les autres villes est cependant importante en 1988, à titre d’exemple : Saint Louis (27%), Louga (15%). Au Sénégal, le facteur d’émergence des villes semble davantage dû à une volonté politique qui institue la ville par le biais du label « commune urbaine ». Un phénomène pervers en résulte qui fait rivaliser les collectivités locales en œuvres et manœuvres pour bénéficier des potentialités de développement locales et régionales en termes de salaires et de mode de vie urbaine.
La troisième partie « Gestion urbaine, mobilisations citadines », discute des facteurs influant sur la gestion urbaine : les outils informatiques modernes, le foncier, les symboles cultuels et les procédés administratifs. A titre d’exemple, la cartographie numérisée introduite au Togo soulève la question de son bon usage face aux enjeux politiques et aux clivages bureaucratiques. Or, les moyens logistiques ne sont que des outils d’aide à la gestion urbaine, le facteur humain demeure prépondérant.
La quatrième partie « Réseaux d’investissement », est dédiée à la dimension politico-économique de la ville. Les cas d’étude servant à l’illustrer sont inspirés du Burkina Faso, la Guinée, le Sénégal et l’Afrique centrale. Elle dénonce le « localisme » des études urbaines qui se focalisent uniquement sur les questions de développement occultant les mécanismes complexes (notamment politiques) à l’origine du phénomène d’urbanisation.
Bien que soulevant la question de la spécificité des petites et moyennes villes africaines, l’ouvrage n’y répond pas. Il en va souvent ainsi des ouvrages collectifs qui réunissent a posteriori des textes de communications. Il a néanmoins le mérite de suggérer des pistes d’étude sur l’urbanisme et l’urbanisation des villes africaines. Aujourd’hui, plus de dix ans après l’événement scientifique de Caen, il serait plutôt question de préserver la relation qui lie la ville à son hinterland. Les villes petites et moyennes pourraient devenir le lieu privilégié d’un nouvel urbanisme durable valorisant l’environnement naturel sous forme de trame verte et bleue ainsi que l’espace dédié à l’agriculture urbaine.