Abstract
Même s'il ne le reconnaît pas toujours, le personnel infirmier a recours
au travail émotionnel dans le cadre de ses rapports avec les patients.
Le travail émotionnel qui sous-tend les soins infirmiers est invisible.
Il est quelquefois associé à l'épuisement professionnel et à la dépersonnalisation.
La documentation des secteurs de la psychologie et de la gestion
traite abondamment du concept du travail émotionnel alors que ce
dernier demeure peu abordé dans les écrits en sciences infirmières.
Le présent article tend à remédier à cette situation en présentant
une analyse dudit concept sous l'angle de la théorie évolutionnaire
de Rodgers. Une recherche documentaire fut effectuée dans les banques
de données CINAHL, PsycINFO et REPERE afin de repérer les écrits
publiés entre 1990 et 2008 et comportant les mots-clés « emotional
labour », « emotional work », « émotions », « travail émotionnel
» et « émotions ». La démarche a permis de sélectionner 72 articles.
L'information se rapportant au concept de travail émotionnel fut
analysée au moyen de la méthode évolutionnaire d'analyse de concept
de Rodgers. Il ressort de l'analyse que le travail émotionnel est
un processus d'adoption par l'infirmière d'un « personnage de travail
» dans le but de réguler et d'exprimer ses émotions (profondes ou
superficielles) durant ses rapports avec les patients. Le «personnage
de travail » adoptée dépend d'événements survenus précédemment lors
des rapports avec le patient et a trait à l'une de trois dimensions
suivantes: l'organisation (c.-à-d. les normes sociales, le soutien
social), le personnel infirmier (c.-à-d. l'identification du rôle,
l'engagement professionnel, l'expérience de travail et les aptitudes
à la communication interpersonnelle) et l'emploi (c.-à-d. autonomie,
routines, exigence sur le plan émotionnel, fréquence des rapports,
complexité du travail). Les attributs du travail émotionnel ont deux
dimensions: réaction autonome de l'infirmière et stratégies d'adoption
d'un personnage de travail (c.-à-d. travail émotionnel de surface
ou en profondeur). Les conséquences du travail émotionnel touchent
l'organisation (c.-à-d. productivité, « climat joyeux ») et le personnel
infirmier (c.-à-d. aspects négatifs ou positifs). L'article conclut
qu'il importe que le personnel infirmier dispose du temps et du soutien
nécessaires pour réfléchir au travail émotionnel requis pour soigner
des patients dits « difficiles », comprendre ce travail et en discuter
de façon à contrer le discours dominant sur les patients « problématiques
».
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