Un enjeu important de l’histoire des représentations et du traitement de la folie a été de définir ce que l’on devait considérer comme normal et ce que l’on devait considérer comme pathologique, et relevant d’un traitement. Dès l’Antiquité, les médecins et les philosophes se sont employés à créer des catégories pour classer les pathologies et chercher à les soigner, produisant ainsi des classifications. Cette démarche, qui a culminé avec l’émergence de la psychiatrie comme branche de la médecine, et qui est aujourd’hui toujours présente dans la pratique des soins, fait l’objet de débats. Cette leçon va vous permettre de découvrir comment on a classé les troubles mentaux à travers l’histoire et comment cela a influé sur les représentations de la folie et sur les conceptions du normal et du pathologique.
A partir d’un terrain effectué en Normandie conjointement auprès de personnes atteintes de cancer, au sein d’un centre officiel de cancérologie et dans des milieux non conventionnels, il est ici analysé l’influence des approches non conventionnelles dans le vécu alimentaire des personnes atteintes. A la recherche de solutions dans leur gestion du cancer et pour faire face aux effets secondaires de leurs traitements, ces personnes ne trouvant pas de réponses adaptées à leur situation et à leurs demandes dans le milieu de la cancérologie, mobilisent des représentations sociales et des pratiques alimentaires dont la cohérence ne peut se comprendre qu’au travers d’une mise en perspective des approches non conventionnelles du cancer. En identifiant des « autorités » alternatives à la cancérologie officielle s’étant singularisées en France pour leur approche de l’alimentation et dont l’influence est attestée sur notre terrain, des logiques sociales sont ici analysées attestant de leur audience auprès des personnes atteintes et auprès d’un public plus large. Ces approches, inscrites dans une culture de réforme alimentaire ayant émergée avec l’industrialisation, sont en adéquation avec des mouvements sociaux actuels (défense de la liberté des soins, pensée écologique, contre-culture médicale, protestation anti-libérale, et anti-lobbies pharmaceutiques et agro-alimentaires). La marginalisation de ces « autorités » par les instances officielles de la science est contrebalancée par la reconnaissance des malades, l’adhésion d’un certain nombre de médecins, et par la convergence revendiquée de leurs approches avec les nouvelles preuves scientifiques.
S. Carbonnelle. Seli Arslan, Paris, (2010)Textes issus d'un séminaire organisé durant quatre ans à l'Institut de sociologie de l'Université libre de Bruxelles par le groupe de recherche Äges, temps de vie, vieillissement" et le Centre de diffusion de la culture sanitaire.